La Commission européenne propose un plan de relance de 750 milliards, empruntés en commun

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Il s’agit là d’une véritable révolution dans l’histoire communautaire : face à l’opposition radicale de l’Europe du Nord, jamais la Commission n’avait proposé l’émission d’une dette mutualisée européenne de grande ampleur. Mais la négociation s’annonce difficile.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Bruxelles, le 23 avril. POOL NEW / REUTERS

Emission d’un grand emprunt européen, augmentation sans précédent des transferts au sein du budget communautaire, mise en place de ressources propres qui permettraient à la Commission de se financer indépendamment des Etats membres… Le plan de relance qu’a présenté, mercredi 27 mai, Ursula von der Leyen, la présidente de l’exécutif communautaire, pour aider l’Europe à surmonter les ravages de la pandémie de Covid-19, fait tomber des dogmes qui ont jusqu’ici empêché l’Union d’aller vers plus d’intégration. « Pour l’instant, ces mécanismes sont ciblés sur la gestion de la crise. Mais oui, ce plan pose les jalons d’une nouvelle manière de fonctionner », reconnaît un diplomate.

Mme von der Leyen a annoncé que la Commission emprunterait 750 milliards d’euros pour aider le continent à sortir d’une récession sans précédent. Pour prendre la mesure de l’effort annoncé, il faut rappeler que le budget européen en cours de discussion, avant le plan de relance, représentait un total de 1 100 milliards d’euros sur la période 2021-2027.

Avant de se lancer, l’ex-ministre d’Angela Merkel a beaucoup consulté, souvent tergiversé. Plusieurs fois, elle a repoussé ses annonces, ne voyant pas quelle martingale constituerait une base de négociations acceptable pour les Vingt-Sept. Entre une Europe du Nord opposée à toute mutualisation de la dette et très soucieuse de ses deniers et une Europe du Sud demandant plus de solidarité à ses partenaires, l’équation semblait impossible.

D’autant que le traumatisme de la crise grecque, qui a failli emporter avec elle la zone euro dans les années 2010 et a déchiré les Européens, reste dans tous les esprits.

C’est d’Allemagne qu’est venue la solution. Quand, le 18 mai, la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron ont présenté leur « initiative » – l’émission d’une dette commune européenne de 500 milliards d’euros pour subventionner les pays les plus abîmés par la crise −, nombre de commentateurs ont parlé d’un « moment hamiltonien » pour l’Europe, en référence à Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des Etats-Unis, qui, en 1790, avait convaincu le Congrès de créer une dette fédérale, et fait basculer la confédération américaine dans le fédéralisme.

« On revient de loin »

Dès lors, les équilibres internes à l’Europe ont été modifiés et Mme von der Leyen, dont les plans étaient jusque-là très timides, a pu envisager les choses autrement. Pour financer son plan, la Commission empruntera donc sur les marchés 750 milliards d’euros, qui viendront abonder le budget communautaire. « C’est le moment de l’Europe », a commenté Mme von der Leyen, qui a exhorté les Vingt-Sept − et plus particulièrement les quatre « frugaux » que sont les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark − à « mettre de côté les vieux préjugés ».

Sur cette somme, a-t-elle expliqué, 250 milliards seront prêtés et 500 milliards seront transférés, par le canal du budget européen, aux Etats membres qui ont été les plus affectés par le Covid-19. En réalité, comme on peut le voir dans les documents publiés par la Commission mercredi, ce ne sont pas 500 mais 433 milliards de subventions qui sont prévues. Près de 67 milliards d’euros pourront par ailleurs être apportés en garanties à des établissements bancaires, comme la Banque européenne d’investissement, qui verront ainsi leur capacité de prêts s’accroître. « Pour nous, 500 milliards, c’est un minimum », rétorque-t-on à l’Elysée.

(source: Le Monde)

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