En Thaïlande, le parti Move Forward défie les conservateurs

Publié le Mis à jour le

Pita Limjaroenrat, dit « Pita », fait partie des favoris des législatives du 14 mai pour le parti Move Forward. Ses propositions sociétales fortes, sur la réforme du crime de lèse-majesté et de l’institution militaire, lui assurent une forte popularité chez les jeunes, qui se sont mobilisés en 2020 contre les abus du gouvernement des généraux et de la monarchie.

La tête de liste du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat, arrivant à un rassemblement à Bangkok le 22 avril 2023. LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP

Il a bondi sur scène, en jeans, manches courtes et baskets blanches : Pita Limjaroenrat, dit « Pita » (les Thaïlandais se désignent par leur prénom) a fait une arrivée de rock star devant les milliers de supporters en orange, la couleur du parti Move Forward (Aller de l’avant), rassemblés le 4 mai à Nonthaburi, une ville de la banlieue nord de Bangkok, en bordure du fleuve Chao Phraya. Et pour cause : entré en politique en 2018, ce quadragénaire divorcé, qui dirigea le groupe familial d’huile de riz et étudia à Harvard avant d’œuvrer comme patron de Grab Thailand, le Uber du Sud-Est asiatique, venait, la veille, de passer en tête dans les sondages comme personnalité préférée des Thaïlandais pour devenir premier ministre aux législatives du 14 mai. Il dépassait ainsi la candidate du parti Pheu Thai (Parti pour les Thaïlandais), Paethongtarn Shinawatra, la fille de l’ancien premier ministre Thaksin, aujourd’hui en exil. Toujours en tête de ce classement, Pita symbolise le renouveau auquel aspire une partie de la population thaïlandaise.

Move Forward est le successeur de Future Forward, le jeune parti qui avait bousculé la scène politique thaïlandaise lors des élections de 2019, les premières après le coup d’Etat de 2014, en terminant troisième du scrutin. Dissous en 2020 par une justice aux ordres, il avait alors pu conserver ses députés en changeant leur étiquette, au profit d’un parti nommé, à cette occasion, Move Forward. En nombre de sièges, les sondages le placent aujourd’hui en deuxième position derrière le Pheu Thai, la première formation politique du pays. Or, le premier ministre devra être désigné par un vote non seulement des 500 députés nouvellement élus, mais aussi des 250 sénateurs toujours en poste et préalablement nommés par les généraux au pouvoir. Le rôle de Move Forward sera donc déterminant, soit comme partenaire naturel de coalition du Pheu Thai, en vue d’une alternance aux généraux, soit à la tête de l’opposition si le parti du clan Thaksin choisit un allié conservateur pour bénéficier du ralliement de sénateurs.

(… lire l’article)

Laisser un commentaire