Présidentielle en Roumanie : le candidat prorusse en tête du premier tour

Le candidat d’extrême droite et prorusse Calin Georgescu a créé la surprise dimanche et remporté le premier tour de l’élection présidentielle roumaine devant le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu.
Un candidat d’extrême droite et prorusse que les sondages plaçaient à moins de 10% d’intentions de vote, a créé la surprise dimanche au premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie. Alors que le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu était en tête durant une bonne partie du dépouillement, Calin Georgescu a finalement remporté 22,59% des suffrages, contre 19,55% pour son adversaire.
Elena Lasconi, maire centre droit d’une petite ville, arrive en troisième position à 18,84%. Donné favori à l’extrême droite avant le scrutin, George Simion du parti AUR (Alliance pour l’unité des Roumains) doit pour sa part se contenter de la 4e place, à 13,94%.
Quelle que soit l’issue du scrutin, «l’extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection», avec plus de 35% des suffrages, a commenté pour l’AFP le politologue Cristian Pirvulescu. Selon les experts, elle a profité d’un climat social et géopolitique tendu dans ce loyal État membre de l’UE et de l’Otan, situé aux portes de l’Ukraine.
C’est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d’habitants qui a jusqu’ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le président de la République roumaine occupe une fonction essentiellement protocolaire mais exerce un magistère moral important.
L’extrême droite «grande gagnante»
George Simion a félicité son adversaire, se réjouissant qu’un «souverainiste» se retrouve au second tour. Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, ce grand fan de Donald Trump, était considéré comme l’un des favoris. Mais s’il a su capitaliser sur la détresse d’une partie de la population appauvrie par la forte inflation, il a aussi voulu renvoyer une image modérée qui «l’a desservi auprès des plus radicaux», analyse M. Pirvulescu.
À l’inverse, M. Georgescu a séduit dans les derniers jours avec une campagne TikTok devenue virale, focalisée sur la nécessité de stopper l’aide à l’Ukraine. «Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort», a-t-il réagi.
Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev devenu très impopulaire à cause notamment de ses coûteux voyages à l’étranger financés avec l’argent public, les électeurs ont donc porté leur dévolu sur trois candidats anti-système, derrière le premier ministre. À Bucarest, plusieurs habitants ont confié à l’AFP leur envie de «changement, de voir enfin les choses bouger», comme Andreea Irimie, enseignante de 29 ans, venue voter par un froid dimanche ensoleillé, d’autres évoquant leur peur de la guerre.
Une coalition qui s’annonce difficile
La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique «vital», rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l’Otan, dont elle abrite plus de 5.000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.
Fort de ces bons scores à la présidentielle, l’extrême droite devrait bénéficier d’«un effet de contagion» aux législatives du 1er décembre, entre les deux tours de la présidentielle, pronostique M. Parvulescu. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition.
Les sociaux-démocrates, héritiers de l’ancien parti communiste structurant la vie politique du pays depuis plus de trois décennies, gouvernent actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.
(source: lefigaro.fr)