La déclaration finale de l’Otan commence par un rappel de l’article 5 et ce n’est pas un hasard
Le premier paragraphe réaffirme le principe de défense collective des membres de l’Alliance… que Donald Trump avait remis en cause la veille.

INTERNATIONAL – Une déclaration comme une réponse à Donald Trump. Présent aux Pays-Bas pour le sommet de l’Otan, le président américain s’était fendu mardi 24 juin d’une réflexion très polémique avant son arrivée. Dans l’avion qui le transportait à la Haye, il a remis en question la pierre angulaire du traité de l’Alliance : l’article 5 qui pose le principe de défense mutuelle, selon lequel si un pays membre est attaqué, tous les autres se portent à son secours.
Un principe qui peut « se définir de plusieurs façons », a lancé Donald Trump. Le locataire de la Maison Blanche s’est ensuite dit « lié d’amitié avec bon nombre » des dirigeants des pays alliés qu’il s’« engage » à « aider »… tout en refusant de définir quelle forme prendrait cette aide. Une ambiguïté clairement levée par la déclaration finale du sommet publiée ce mercredi 25 juin.
« Nous, chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance de l’Atlantique Nord, […] réaffirmons notre attachement indéfectible à la défense collective, telle qu’elle est inscrite à l’article 5 », est-il proclamé dès le premier paragraphe. « À savoir qu’une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre tous », explicite le texte, qui réaffirme aussi l’« attachement » des dirigeants au « lien transatlantique » et à l’OTAN, décrite comme « l’Alliance la plus forte de l’histoire ».
Cette réaffirmation du cadre de l’article 5 a été mise en avant par la direction de l’Otan. Le secrétaire général Mark Rutte a cherché à balayer les préoccupations sur l’implication de Washington au sein de son alliance historique avec l’Europe. « Pour moi, il est absolument clair que les États-Unis soutiennent pleinement » les règles de l’Alliance, a-t-il insisté.
Ce sommet reste une « grande victoire » pour Donald Trump
En dépit de ce petit rappel à l’ordre, le sommet de l’OTAN marque malgré tout la dominance de Donald Trump sur l’Alliance. Alors que la déclaration finale de 2024 mettait l’accent sur la guerre en Ukraine, le sommet laisse cette fois-ci la part belle à l’augmentation des dépenses de défense de chaque pays, à laquelle deux des cinq paragraphes sont consacrés. Les 32 membres promettent d’investir 5 % de leur PIB annuel en faveur de leur sécurité à l’horizon 2035.
Si Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Mertz affirment qu’ils ont défendu cet objectif par « clairvoyance » sur l’avenir, le poids de Donald Trump est indéniable, d’autant plus que le sommet semblait avoir été organisé sur mesure pour lui. L’augmentation des dépenses de défense des Européens est son cheval de bataille depuis des mois et il s’est d’ailleurs réjoui que la déclaration finale aille en ce sens, lui qui a souvent critiqué les « mauvais payeurs » européens.
Les membres de l’Alliance vont « très bientôt » dépenser autant que les États-Unis, s’est réjoui l’Américain, qui a adopté un ton plus conciliant lors du sommet et a célébré « une grande victoire pour tout le monde ». « Je leur demande de passer à 5 % depuis des années, et ils passent à 5 %, a-t-il salué, c’est énorme […] l’Otan va devenir très forte avec nous. »
Cette déclaration finale, si elle est extrêmement courte avec cinq paragraphes contre une quarantaine en 2024 (avec Joe Biden), insiste malgré tout sur l’aide à l’Ukraine, intégrée au 5 % du PIB en faveur de la sécurité. Les membres « réaffirment » leur soutien à Kiev « dont la sécurité contribue à la nôtre » dans un passage âprement négocié avec Donald Trump selon l’AFP. Le texte mentionne aussi « la menace à long terme » posée par la Russie, là où le président américain aurait préféré que le communiqué ne mentionne pas Moscou.
(source: huffingtonpost.fr)