La Somalie dénonce la reconnaissance par Israël de l’Etat du Somaliland, Donald Trump se dit opposé à une telle démarche

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L’annonce d’Israël, premier pays à reconnaître cette république autoproclamée qui a fait sécession de la Somalie en 1991, a provoqué un concert de condamnations dans la région.

Hargueisa, capitale du Somaliland, le 7 novembre 2024. LUIS TATO/AFP

Mogadiscio a condamné une « attaque délibérée contre sa souveraineté » de la part d’Israël qui a officiellement reconnu, vendredi 26 décembre, le Somaliland comme « un Etat indépendant et souverain ».

La reconnaissance du Somaliland par Israël exacerbe « les tensions politiques et sécuritaires dans la Corne de l’Afrique, la mer Rouge et le golfe d’Aden, le Moyen-Orient et la région au sens large », a averti le bureau du premier ministre somalien, Hamza Abdi Barre, dans un communiqué.

Le territoire du Somaliland – de la taille environ de la Tunisie – est situé à la pointe nord-ouest de la Somalie et a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, alors que la République de Somalie sombrait dans le chaos après la chute du régime militaire de l’autocrate Siad Barre. Cette république autoproclamée fonctionne depuis en autonomie, avec ses propres monnaie, armée et police. Elle n’était jusqu’alors reconnue officiellement par aucun pays, ce qui la maintient dans un certain isolement politique et économique malgré sa situation à l’entrée du détroit de Bab Al-Mandeb, sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde reliant l’océan Indien au canal de Suez.

Des analystes ont estimé qu’un rapprochement avec le Somaliland pourrait permettre à Israël de sécuriser son accès à la mer Rouge et lui permettre notamment de faciliter sa lutte contre les rebelles houthistes du Yémen.

« Nous allons étudier ça », dit Donald Trump 

Avec les retombées géopolitiques qu’un tel partenariat peut entraîner, l’annonce israélienne a provoqué un concert de condamnations dans la région, notamment de la part de Djibouti, de l’Egypte mais aussi de la Turquie qui a dénoncé la « politique expansionniste » d’Israël et une « ingérence manifeste dans les affaires intérieures de la Somalie ».

L’Union africaine a également rejeté cette initiative, s’inquiétant du « risque de créer un dangereux précédent aux conséquences considérables pour la paix et la stabilité sur l’ensemble du continent ».

Interrogé par le New York Post sur une éventuelle reconnaissance du Somaliland par les Etats-Unis, le président américain, Donald Trump, – qui doit rencontrer le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans les prochains jours en Floride – a lui répondu « non, » refusant là de suivre son allié, même s’il a ajouté : « Nous allons étudier ça », avant de se demander : « Est-ce qu’il y a vraiment des gens qui savent ce qu’est le Somaliland ? »

Le ministère des affaires étrangères de l’Autorité palestinienne s’est inquiété de cette annonce de reconnaissance, affirmant qu’Israël « a déjà évoqué le Somaliland comme destination pour l’expulsion de représentants du peuple palestinien, en particulier depuis la bande de Gaza ».

Sur ce sujet, la Somalie a réaffirmé son soutien « indéfectible » aux droits légitimes du peuple palestinien, « notamment à son droit à l’autodétermination et son rejet catégorique de l’occupation, des déplacements forcés. »

 A cet égard, la Somalie n’acceptera jamais de rendre le peuple palestinien apatride », a ajouté Mogadiscio.

Le président du Somaliland invité en Israël

A Hargueisa, capitale du Somaliland, des centaines de personnes ont, dans la soirée, envahi les rues, selon des témoins sur place. Nombre d’entre eux brandissaient le drapeau de la région séparatiste, scandant « Victoire au Somaliland », ont-ils rapporté, sans préciser si ces manifestations étaient spontanées.

Le président du Somaliland, Abdirahman Mohamed Abdullahi, surnommé « Irro », a salué « un grand jour pour le peuple et la République du Somaliland, une page d’or (…) dans l’Histoire de notre nation » après trente-quatre ans de « lutte ».

Benyamin Nétanyahou a évoqué une « belle opportunité pour élargir » un partenariat entre les deux pays, notamment dans les domaines économique et agricole. Une déclaration « conjointe et mutuelle » a été signée par les deux parties et le Somaliland a exprimé son intention de rejoindre les accords d’Abraham, un processus qui, en 2020, avait vu plusieurs pays arabes normaliser leurs relations avec Israël et une priorité diplomatique de Donald Trump.

Le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a déclaré, vendredi, que les deux pays allaient établir « des relations diplomatiques complètes, avec la nomination d’ambassadeurs et l’ouverture d’ambassades ». Le président du Somaliland a été invité en Israël.

(source: lemonde.fr)

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