cause palestinienne
De la Vuelta aux sanctions, pourquoi l’Espagne est si mobilisée pour la cause palestinienne
Pendant que les militants perturbaient le Tour d’Espagne, le gouvernement a promis une nouvelle batterie de sanctions contre Israël pour mettre fin aux massacres à Gaza. Une mobilisation sans pareil en Europe.

DIPLOMATIE – Jamais une course cycliste de cette ampleur n’a été aussi perturbée. Le Tour d’Espagne, la Vuelta, s’achève ce dimanche 14 septembre à Madrid, et va consacrer Jonas Vingegaard. Un succès de taille pour le Danois (déjà deux fois vainqueurs de la Grande Boucle en France), quelque peu éclipsé cette fois-ci par les nombreuses manifestations propalestiniennes aux bords, et sur les routes.
Depuis la cinquième étape, y compris ce samedi encore, la course est marquée quotidiennement par les interventions de militants, très motivés et bien organisés, qui dénoncent la présence dans le peloton de l’équipe Israël – Premier Tech. À tel point que les organisateurs ont dû écourter plusieurs étapes, à Bilbao ou Pontevedra, et que la formation créée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams a changé son maillot pour retirer toute mention au pays. Un coureur a également dû abandonner après avoir été percuté par un manifestant.
Autant d’incidents qui provoquent une nouvelle montée de tensions entre Madrid et Tel Aviv. Il faut dire qu’en parallèle de ces actions spectaculaires, le gouvernement espagnol accentue la pression sur Israël, pour contribuer à « mettre un terme au génocide à Gaza. » Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, l’un des premiers dirigeants occidentaux à utiliser le terme, a encore annoncé début septembre un embargo sur les ventes d’armes ou l’interdiction, pour deux ministres d’extrême droite, de paraître sur le territoire.
Soutien populaire et liens historiques
De fait, l’Espagne est à la pointe, en Europe, de l’appui à la cause palestinienne et la critique des opérations meurtrières d’Israël depuis sa riposte au 7 octobre 2023. Dans les institutions, alors que le pays a reconnu l’État de Palestine en mai 2024, et dans la population. Au-delà des sondages éloquents, les initiatives sont nombreuses, dans la rue ou ailleurs, pour alerter sur la situation dramatique dans la bande de Gaza.
Une forme de proactivité qui ne doit rien hasard, et trouve en partie ses racines dans l’histoire récente (ou non) du Royaume. « Les liens entre l’Espagne et les pays arabes sont nombreux et anciens. Depuis la conquête de 711, l’Espagne a entretenu une tradition arabo-islamique forte, rappelle ainsi Eduardo Baura Garcia, professeur d’histoire à l’Université San Pablo à Madrid, cité par RMC. Et sans remonter si loin, au XXe siècle, les pays arabes ont conservé des liens étroits avec le régime franquiste par ailleurs largement isolé à l’international », précise l’universitaire, évoquant une tradition qui « perdure » depuis la fin de la dictature. Lire la suite »