Stratègie: dissuasion nucléaire

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Le général Lucien Poirier (1918-2013) est un stratège français d’envergure, notamment pour son apport à la dissuasion nucléaire. Cette vidéo s’inscrit dans la série « Les stratèges français du XXe siècle » (Diploweb.com) avec François Géré, Docteur en Histoire, Président de l’Institut Français d’Analyse Stratégique (IFAS). (13 minutes).

François Géré présente comment le général Lucien Poirier a contribué au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à la mise au point d’un modèle logique d’une dissuasion nucléaire pour la France puissance moyenne.

Conduite au sein du Centre de prospective et d’évaluation, ses études stratégiques reposent sur la méthode probabiliste et une forme de prospective. L. Poirier intègre à sa réflexion la révolution stratégique nucléaire et se pose la question : pour la France, quels sont les buts politiques que l’arme nucléaire peut servir efficacement ? Pour lui, la décision de l’autorité politique française doit être indépendante de toute considération autre que l’intérêt supérieur de la nation. Face à une invasion majeure qui toucherait à la substance nationale, il ne peut y avoir de décision que nationale. Ce qui le conduit à une réflexion sur la nature des alliances, et particulièrement de sur la relation avec l’OTAN. Le général Poirier voit la France comme une puissance moyenne et construit une théorie de la dissuasion du faible au fort, afin de prévenir une guerre en dissuadant l’adversaire d’entreprendre une agression en Europe contre la France et ses alliés. Il y aurait alors deux cercles d’intérêts, le cercle national et le cercle des alliés. En cas de franchissement du seuil d’agressivité critique, c’est au chef de l’état de décider de l’engagement de la force nucléaire française. Lucien Poirier introduit la notion d’ultime avertissement pour tester les intentions de l’adversaire par une frappe d’une salve de plusieurs armes dites pré-stratégiques.

Le général Lucien Poirier a donc mis en place une méthode logique de la dissuasion nucléaire, adoptée par le général de Gaulle – président de la République française de 1958 à 1969 – et reprise peu ou prou par ses successeurs, en dépit d’adaptations à la marge.

Après la fin de la Guerre froide (1991), Lucien Poirier considère qu’en l’absence d’ennemi désigné l’arme nucléaire française doit être mise en réserve dans le cadre de l’attente stratégique. Il invite lui même à repenser alors les termes de la stratégie de la France et de la géopolitique mondiale.

Pour cette vidéo, propos recueillis par Pierre Verluise, Selma Mihoubi et Fabien Herbert. Images et son: Selma Mihoubi et Fabien Herbert. Montage : Fabien Herbert.

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