Le Japon prépare l’abdication de l’empereur Akihito
Le Japon a fait un pas vers la première abdication d’un empereur en 200 ans, en validant vendredi en conseil des ministres un projet de loi spéciale qui ne vaudra que pour l’actuel souverain Akihito. Le texte doit être présenté en commission parlementaire rapidement et l’exécutif espère un vote définitif de la Diète au cours de l’actuelle session. Si tout se passe comme prévu, Akihito pourrait, selon la presse, renoncer à ses fonctions dès fin 2018 et laisser à son fils aîné Naruhito le trône du Chrysanthème début 2019.
Les éléments du texte donnés par le porte-parole du gouvernement indiquent que « l’abdication doit avoir lieu à une date fixée par décret dans un délai qui ne dépasse pas trois ans après sa promulgation ». Un calendrier trop serré serait de nature à inquiéter les administrations et fabricants d’agendas et calendriers, car ils travaillent déjà sur les versions de 2019 et le Japon ne fonctionne pas seulement en année après Jésus-Christ mais aussi, pour les documents administratifs et professionnels, en années d’ère impériale.

Au pays du Soleil-Levant, aucun empereur n’a abdiqué depuis… 1817. On ne cède le trône de chrysanthème que mort. Akihito fut lui-même intronisé après le décès de son père, Hirohito (1901–1989). C’est dire l’ampleur du changement qui se prépare.
90 % des Japonais favorables
Selon divers sondages, 90 % des Japonais considèrent qu’il faut autoriser l’empereur à abdiquer. L’existence de cette loi spéciale ne change pas le fait que la règle fondamentale reste la législation de la Maison impériale, qui encadre les droits et devoirs de l’empereur et des siens. A contrario d’une partie de l’opposition et de constitutionnalistes, les proches de Shinzo Abe, en l’occurrence les membres du Parti libéral-démocrate qu’il préside, ont toujours appuyé l’idée d’une loi d’exception, afin de ne pas ouvrir la boîte de Pandore de la révision de la « loi sur la Maison impériale ».
Les nationalistes veulent en effet éviter que ne soit remis en cause le système patrilinéaire. Même si la fille de l’empereur donnait naissance à un garçon, ce dernier n’apparaîtrait pas dans l’ordre de succession, pas plus que les filles des princes. Cette stricte patrilinéarité, conjuguée au fait que la famille impériale se réduit à chaque fois qu’un de ses membres décède ou qu’une fille se marie à un roturier (elle sort de la famille), fait craindre une interruption de la dynastie la plus ancienne du monde dans les décennies à venir.