Alliance pour l’industrialisation de Madagascar: l’état de la question
Quoique le pays se soit doté d’une Loi pour le Développement Industriel (LDI, récemment voté par le Parlement), les défis restent énormes pour tous les intervenants, notamment les facilitations de tous ordres, l’agencement et le timing, qui incombent principalement à l’Etat.
ZLEC : Réticence du secteur privé malgache
La Zone de Libre-échange Continentale présente une nouvelle opportunité pour les industriels et entreprises malgaches. Toutefois, les membres du SIM et du Fivmpama sont réticents au concept, faute de mesures d’accompagnement.

Le mois de mars 2018 a été marqué par la signature de 44 Etats africains, dont Madagascar, de l’accord sur la zone de libre-échange continentale (ZLEC). Les membres du secteur privé malgache dont le Syndicat des industries de Madagascar (SIM) et le Fivmpama (Groupement du patronat malgache) sont réticents à adhérer au concept. L’Ambassadeur de Madagascar en Ethiopie, le professeur Alain Tehindrazanarivelo est en visite au pays actuellement et a pu rencontrer le SIM et le Fivmpama pour les inviter à profiter de cette opportunité.
D’après Freddy Rajaonera, président du SIM, les opérateurs malgaches doivent d’abord trouver les avantages pour le pays avant d’adhérer à un tel concept. Il est difficile pour des entreprises qui sont faibles et non compétitives d’entrer dans un marché commun. Il a ajouté qu’une telle décision demande des mesures d’accompagnement, que ce soit sur le plan infrastructure, financier que commercial. Les entreprises malgaches sont encore sous perfusion, d’après les propos des membres du secteur privé. Si un tel accord laisse entrer librement des marchandises, cela pourrait étouffer les entreprises et industries locales. Selon les explications d’Eric Rajaonary, président du Fivmpama, l’adhésion du secteur privé dans ce marché commun demande une totale réflexion sur tous les angles. Avec tous les accords économiques, le secteur privé devrait prendre part, étant donné qu’il assure la production et les impôts pour les caisses de l’Etat, ajoute Freddy Rajaonera.
Le professeur Alain Tehindrazanarivelo, Ambassadeur de Madagascar en Ethiopie, a souligné que la ZLEC est une réalité économique mondiale et que les membres du secteur privé malgache doivent saisir. Certes, les obstacles à la compétitivité existent bel et bien au pays mais aussi, il devrait exister un ou plusieurs produits où les entreprises pourraient être compétitives, explique-t-il. Les pays africains vont renégocier tous les accords économiques entre l’Afrique et l’Europe d’ici le mois de septembre de cette année car les accords existants arriveront à leur terme en 2020. Pour Alain Tehindrazanarivelo, c’est une opportunité à ne pas rater.
La Commission économique pour l’Afrique
La rencontre d’hier a été l’occasion pour l’Ambassadeur, de passage à Madagascar, de partager les opportunités existantes. Face aux divers problèmes énoncés par les membres du secteur privé, il a suggéré de faire bon usage de la Commission économique pour l’Afrique qui pourrait aider les entreprises et industries malgaches à trouver des débouchés. Cette institution mène, à la requête, une analyse de compétitivité des produits dans les marchés africains et arrive à suggérer un marché spécifique pour les écouler. En plus de cela, elle peut aussi orienter les types de financements disponibles afin de conquérir le type de marché analysé. Cet outil n’a pas été trop utilisé par la partie malgache alors que tous les pays africains en profitent pour trouver des débouchés. Le professeur Alain Tehindrazanarivelo a expliqué que dans la région Afrique, ce genre de soutien, surtout le financement accordé aux entreprises africaines, est nombreux mais cela dépend de l’analyse effectuée par cette commission. Concernant la ZLEC, Madagascar pourrait amplement conquérir des parts de marché mais les industriels malgaches ne sentent pas encore prêts à l’affronter.
(source: Racl.R – La Ligne de Mire)