Le Cameroun s’enfonce dans un conflit armé entre gouvernement et forces séparatistes
Depuis plusieurs mois, le pays du golfe de Guinée s’enfonce dans un conflit armé opposant les forces séparatistes qui souhaitent la création d’un état indépendant anglophone et le gouvernement. Un conflit qui a déjà fait plus de 160 000 déplacés.
Marine Henriot – Cité du Vatican

Dans l’ouest du Cameroun, les combats sont devenus quasi quotidiens entre les forces de sécurité camerounaises et des hommes armés se faisant appeler «forces de restauration» d’un Etat anglophone qui avait brièvement vu le jour entre les deux guerres mondiales, alors que le pays était sous mandat britannique. En octobre 2017, des activistes des régions des minorités anglophones proclamaient unilatéralement la création de la «République d’Ambazonie». Une auto-indépendance au mépris du gouvernement à majorité francophone. Des manifestations d’enseignants et juristes protestant contre l’hégémonie du français ont ensuite été organisées, sévèrement réprimées par le gouvernement. Selon des victimes rencontrées par la Caritas locale, «quiconque était suspecté de sympathie envers ces activistes était la cible de l’armée».
Exactions de la part des deux camps
Selon les derniers chiffres de l’ONU, la «Crise anglophone», comme elle est maintenant surnommée, a causé le déplacement de 160 000 personnes à l’intérieur du pays.
Caritas Nigeria a de son côté enregistré 25 624 réfugiés et demandeurs d’asiles Camerounais, un nombre qui pourrait s’élever à 40 000 selon l’ONU. La population «paniquée», décrit Caritas Nigeria, traverse la frontière pour fuir ce que les évêques camerounais décrivent comme une «violence aveugle, inhumaine et monstrueuse». «Il ne se passe pas une semaine sans que des maisons soient incendiées, des personnes kidnappées ou tuées. C’est la peur qui a pris le contrôle du territoire», raconte Hippolyte Sando de Caritas Cameroun. Des exactions commises par les rebelles sécessionnistes et l’armée nationale. Le fait pour une personne de parler anglais ou français semble être une raison suffisante pour se faire tuer, note Caritas internationalis. Les deux camps s’accusent mutuellement de diverses violences et de propagation de fausses informations.