L’Union européenne accuse la Turquie d’aggraver les tensions en Méditerranée orientale

Étant donné la découverte, ces dernières années, d’importants gisements de gaz naturel en Méditerranée orientale, la République de Chypre a autorisé plusieurs groupes pétroliers et gaziers, comme Total, ENI et ExxonMobil, à explorer sa zone économique exclusive [ZEE], divisée en 13 blocs, en vue d’une éventuelle exploitation.
Seulement, la Turquie entend s’inviter dans ces activités, prétextant défendre les intérêts de la République turque de Chypre-Nord [RTCN], une entité créée après son intervention militaire de 1974 [opération Attila], lancée à la suite d’une tentative de coup d’État ayant cherché à rattacher Chypre à la Grèce [Énosis].
L’appétit d’Ankara explique son soutien au gouvernement d’union nationale libyen [GNA], avec lequel elle a signé un mémorandum d’accord sur ses frontières maritimes. Ainsi, ce texte lui permettrait d’étendre la superficie de son plateau continental de plus de 30% et de « torpiller » le projet gazoduc EastMed qui, orienté vers l’Europe, est porté par la Grèce, la République de Chypre et Israël.
En attendant, la Turquie envoie régulièrement des navires dans la ZEE de la République de Chypre afin d’y mener des forages, malgré les avertissements de l’Union européenne [UE] et des États-Unis.
En juillet 2019, l’UE a sanctionné la Turquie en réduisant de 145,8 millions d’euros les fonds européens qui lui étaient destinés en 2020. Cette décision a été sans effet… Comme celle ayant consisté à geler les avoirs et interdire l’entrée à deux ressortissants turcs impliqués dans les opérations de forage dans la ZEE de la République de Chypre. Pour calmer les ardeurs européennes, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, se plaît à rappeler que son pays accueille plusieurs millions de migrants prêts à se rendre sur le Vieux Continent…
Et, depuis la fin du mois d’avril, le navire turc Yavuz croise de nouveau au large de Chypre. « La Turquie poursuit ses activités de forage et sismiques […] dans l’est de la Méditerranée sans aucune interruption », a fait valoir Fatih Donmez, le ministre turc de l’Energie, auprès de l’agence Anadulu.
Comme on pouvait s’y attendre, Ankara a rejeté l’appel de l’Union européenne.
« La déclaration des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sur la situation en Méditerranée orientale constitue le dernier exemple d’un discours répétitif et stérile qui ne sert à rien. Cette attitude, qui reste indifférente aux initiatives sincères de la Turquie, est un sous-produit des revendications injustes et illégales de la Grèce et de l’administration chypriote grecque [ACG] et n’a aucune chance de contribuer à la paix et à la stabilité régionales », a répondu Hami Aksoy, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.
Quoi qu’il en soit, parmi les membres de l’Union européenne, la France est sans doute l’un des pays les plus actifs dans cette affaire [hormis, évidemment, les principaux intéressés]. Ainsi, en janvier, le président Macron a annoncé la mise en place d’un « partenariat stratégique de sécurité » entre Paris et Athènes. Partenariat qui se traduira notamment par une présence accrue de navires de la Marine nationale en Méditerranée orientale.
Le 11 mai, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, la ministre des Armées, Florence Parly, a évoqué la situation en Méditerranée orientale.
« En ce qui concerne la Grèce, […] je suis en contact permanent avec mon homologue grec. Nous avons des moyens de la Marine nationale […] mobilisés en Méditarranée orientale qui peuvent contribuer à sécuriser, si l’en était besoin, la zone économique exclusive de Chypre, qui est une zone dans laquelle il y a des contestations régulières de la part de la Turquie », a en effet assuré la ministre.
(source: opex360.com)