Présidentielle à Madagascar : les femmes sonnent le réveil citoyen

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Madagascar, un nouveau départ ? Corruption, élections, dépense publique… Des militantes se battent pour que le pays revienne aux normes de bonne gouvernance.

De gauche à droite : Hony Radert, secrétaire générale du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes, Ketakandriana Rafitoson, directrice de Transparency Madagascar, Faraniaina Ramarosaona, coordinatrice du mouvement Rohy pour les élections, et Mbolatiana Raveloarimisa, fondatrice de Wake up Madagascar. LAURENCE CARAMEL

Il est difficile d’imaginer ce qui pourrait faire reculer Ketakandriana Rafitoson. Alors que Madagascar s’apprête à élire son président lors d’une élection dont le premier tour a lieu mercredi 7 novembre, la jeune directrice de Transparency Madagascar interpelle, invective, dénonce toutes les pratiques de corruption qui privent la Grande Ile d’un avenir meilleur. Personne n’est épargné. A commencer par les trois principaux candidats et ex-présidents, Hery Rajaonarimampianina, Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, qu’elle met dans le même sac lorsqu’il s’agit de remonter la chaîne des responsabilités du vaste trafic de bois de rose à destination de la Chine.

Madagascar se situe au 155e rang sur 180 dans le dernier classement sur la perception de la corruption publié en janvier par Transparency International. Elle a reculé de 20 places en quatre ans. Policiers véreux qui rackettent les chauffeurs de taxi-brousse, juges qui relaxent des coupables en échange de petites fortunes, diplômes et postes de fonctionnaires qui s’achètent, tarification parallèle des consultations médicales… L’argent est partout, pour échapper aux règles ou faire valoir ses droits.

Juriste promise à une brillante carrière, Ketakandriana Rafitoson a jeté l’éponge à la fin de son stage à la direction du contentieux de la primature. « Ça m’a dégoûtée, je suis partie, se justifie-t-elle. Etre juge ouvre la porte à tous les privilèges. C’est un nid à corruption. » En rejoignant l’organe de régulation de l’électricité, elle croyait trouver un endroit où satisfaire son ambition de servir l’intérêt général. Déception là encore, quand elle constata – et écrivit – que derrière les discours sur la transition énergétique, la part des énergies fossiles continuait d’augmenter dans le mix énergétique. Sa hiérarchie apprécia peu sa liberté de ton et elle partit. A Transparency, qu’elle a intégré en août, son travail « rejoint pour la première fois [ses] convictions ». Sous des dehors sages et une voix posée, Ke, comme on l’appelle, défend sa méthode : « La lutte anti-corruption doit être agressive, le fléau est tellement grand. »

« Nous avons du mal à mobiliser »

A l’image de Ke, ce sont souvent des femmes qui sont en première ligne du discours citoyen qui émerge pour dénoncer la défaillance des élites politiques et économiques malgaches.

(… un article de 2018 du « Monde », toujours d’actualité)

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