« Le Château intérieur »: Oeuvre de sainte Thérèse d’Avila

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Cette œuvre qui est la dernière écrite par Thérèse est considérée comme son œuvre majeure : elle résume et synthétise tous les enseignements spirituels que la carmélite a dispensés dans ses précédents ouvrages.

Ainsi, lors de son procès en Doctorat (pour être déclarée docteur de l’Église), dans le réquisitoire de son avocat, celui-ci déclare :« [Le livres des demeures] est la plus importante œuvre thérésienne et même, selon certains, de toute la mystique chrétienne ».

D’après le père Arrondo, le Château Intérieur « synthétise toute l’expérience et les réflexions passées de Thérèse, et il offre un itinéraire spirituel en sept étapes pour ceux qui désirent s’approcher de Dieu et de Jésus-Christ ». Le père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus qualifie cet ouvrage de « chef-d’œuvre de Thérèse d’Avila ». Il ajoute que le Château intérieur donne le processus complet de l’ascension de l’âme. Dans son propre ouvrage Je veux voir Dieu, le père Marie-Eugène reprend comme trame le cheminement proposé par Thérèse, qu’il cite abondamment (le Château intérieur est l’ouvrage le plus cité dans son livre).

En 2012, l’ensemble de l’œuvre littéraire thérésienne (dont le Château intérieur) entre dans la collection de la Pléiade, reconnaissant ainsi sa qualité littéraire.

Publié seul ou avec ses autres œuvres, l’ouvrage est régulièrement réédité depuis quatre siècles et il est disponible chez de nombreux éditeurs.

Présentation des demeures

Si le château est découpé en sept demeures, chacune d’elles est composée d’une « multitude » de demeures. C’est pourquoi nous utilisons parfois le pluriel pour parler « d’une demeure » Thérèse décrit le château intérieur de la façon suivante :

    • A l’extérieur du « château » se trouvent les âmes qui ignorent Dieu, qui sont incapables « d’entrer en elle-même », qui ne cherchent pas « à entrer dans le château ».
    • 1re Demeure(s) (deux chapitres) : ces demeures sont habitées par les personnes « qui ont des désirs de perfection mais qui sont encore prises dans les préoccupations du monde ». L’âme y découvre le mystère du mal et du péché qui consiste, de la part du démon, « à refroidir l’amour et la charité des unes envers les autres ». Thérèse y dénonce également ici « les zèles (spirituels) intempestifs » qu’elle considère comme une ruse du démon.
    • 2e Demeure(s) (un unique chapitre) : dans ces demeures se trouvent les personnes « qui ont une grande détermination de vivre dans la grâce et qui s’adonnent par conséquent à l’oraison et à quelque mortification bien qu’avec beaucoup de tentations de ne pas abandonner totalement le monde ». Thérèse met l’accent sur la vertu de persévérance dans l’oraison, car « si mollement que vous vouliez la pratiquer, Dieu en fait grand cas ». Thérèse ajoute que l’aide spirituelle peut venir de « voix et d’appels » tels que des paroles de gens de bien, des sermons, de bonnes lectures, mais aussi des maladies ou des épreuves.
    • 3e Demeure(s) (deux chapitres) : dans ces demeures se trouvent ceux « qui pratiquent la vertu et l’oraison mais en y mettant un amour dissimulé d’elles-mêmes. Ces personnes ont besoin de développer l’humilité et l’obéissance ». Thérèse prévient que les sécheresses spirituelles, qui tarissent l’oraison, doivent être une école d’humilité et non d’inquiétude. Elle ajoute que cette humilité consiste à accepter cette épreuve et « à soumettre en tout notre volonté à celle de Dieu ».

  • 4e Demeure(s) (trois chapitres) : dans ces demeures débutent « des choses surnaturelles : l’oraison de quiétude et un début d’union. D’après Thérèse, les fruits de ces grâces ne sont pas encore permanents ; pour continuer, ces âmes doivent fuir le monde et les occasions de chute ». À partir de ce point l’âme commence à « respirer Dieu ». « Comme à présent ces demeures sont plus proches du lieu où se tient le Roi, grande est leur beauté ». Thérèse fait la distinction entre les joies naturelles et bénéfiques qui « ont leur source en nous et aboutissent à Dieu » et « la jouissance (spirituelle) qui a sa source en Dieu ». Ce vocabulaire prépare à la notion d’union mystique.
  • 5e Demeure(s) (quatre chapitres) : dans ces demeures débute déjà « une pleine vie mystique avec l’oraison d’union (qui est une grâce surnaturelle) ». Thérèse indique que Dieu la donne quand il veut et comme il veut, bien que l’âme puisse s’y préparer (Dieu vient « visiter l’âme »). Elle ajoute que la fidélité est grandement nécessaire pour continuer (le chemin). Elle explique que Dieu vient s’unir à l’âme dans l’oraison : « Sa Majesté elle-même est notre demeure dans cette oraison d’union dont nous sommes, nous, les ouvrières ». Et plus loin : « Oh, Seigneur, quelles épreuves nouvelles attendent cette âme ! Qui aurait dit cela après une aussi haute faveur ? Enfin, bref, d’une manière ou d’une autre, il y a forcément une croix à porter tant que nous vivons ». Pour Thérèse, les signes que cette union est véritable sont les suivants :
    • que l’union soit totale
    • que ne manque pas la certitude de la présence de Dieu
    • et que se produisent les tribulations et les souffrances dans lesquelles le fidèle prouve son amour pour Dieu.
    • 6e Demeure(s) (11 chapitres) : dans ces demeures, le fidèle parvient « à une grande purification intérieure de l’âme et parmi les grâces totalement surnaturelles qui y sont données, se trouvent les locutions, les extases, etc. Un grand zèle pour le salut des âmes qui conduit à abandonner sa solitude. La contemplation de l’humanité du Christ est nécessaire pour arriver aux derniers degrés de la vie mystique ». On parle alors de « fiançailles mystiques ». Mais Thérèse d’ajouter qu’« à mesure que le Seigneur accorde de plus hautes faveurs, les épreuves se font plus rudes ». Ainsi, d’après Thérèse, l’âme va éprouver toutes sortes d’épreuves intérieures et extérieures avant d’entrer dans la septième demeure : persiflage ou éloges excessifs, très graves maladies sans compter les peines intérieures. Mais pour Thérèse, certains signes indubitables vont montrer que l’âme a bien expérimenté l’oraison d’union : d’abord la charge de puissance et d’autorité des mots entendus, ensuite la grande quiétude qui demeure en l’âme, enfin la persistance de ces paroles qui ne s’effacent jamais.
    • 7e Demeure(s) (4 chapitres) : ces demeures sont « le sommet de la vie spirituelle : c’est le mariage spirituel ». Thérèse indique que le fidèle y reçoit la grâce du mariage spirituel et une intime communication avec la Trinité « d’où surgit spontanément une grande paix dans laquelle vit l’âme, tout en étant active et contemplative en même temps. Une contemplation qui n’est pas subjective mais qui transcende l’homme en le faisant s’oublier et se livrer au Christ et à l’Église. ». Pour Thérèse, l’âme reçoit la révélation du Mystère de la Très Sainte Trinité : « L’âme comprend avec une absolue certitude que ces trois personnes distinctes sont une seule substance, un seul pouvoir, un seul savoir et un seul Dieu. […] L’âme voit de toute évidence qu’elle abrite ces trois Personnes en son sein, tout à fait à l’intérieur, au plus profond, sans pouvoir dire, par manque d’instruction, comment elle ressent en elle cette divine compagnie ».

Tous les hommes sont assoiffés de connaitre Dieu, mais ne savent pas trop comment faire:

(Mathieu 11, 25): En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit:  » Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples.

26 Oui, Père, car tel fut votre bon plaisir.
27 Toutes choses m’ont été remises par mon Père; et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler.
28 Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai.
29 Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons: je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes,
30 car mon joug est doux et mon fardeau léger. « 

Je suis la Voie, la Vérité et la Vie, … recevez mes leçons.

 

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