En Tunisie, le président Kaïs Saïed publie son projet de Constitution
Le texte, qui sera soumis à référendum le 25 juillet, accorde de vastes pouvoirs au chef de l’Etat.
Le président tunisien Kaïs Saïed a fait publier jeudi 30 juin un projet de Constitution qui sera soumis à référendum le 25 juillet et accorde de vastes pouvoirs au chef de l’Etat, marquant une rupture radicale avec le système parlementaire en place.
Le texte, publié au Journal officiel, confirme la présidentialisation attendue du régime en stipulant que le « président de la République exerce le pouvoir exécutif, aidé par un gouvernement dirigé par un chef de gouvernement » qu’il désigne. Ce gouvernement ne sera pas présenté au Parlement pour obtenir la confiance.
Le président, selon le projet publié, jouira en outre de vastes prérogatives : il est le chef suprême des forces armées, définit la politique générale de l’Etat et entérine les lois. Il peut aussi soumettre des textes législatifs au Parlement, « qui doit les examiner » en priorité. Outre le fait que le texte réduit considérablement le rôle et le pouvoir du Parlement, il prévoit également la mise en place d’une seconde chambre, « l’Assemblée nationale des régions ».
Le projet de Constitution garantit « les droits et les libertés individuelles et publiques » et affirme que les hommes et les femmes sont « égaux dans les droits et les devoirs ». Il stipule en outre que le droit de « rassemblement et de manifestation pacifiques est garanti ».
« Un président omnipotent »
La nouvelle Constitution doit remplacer celle de 2014 qui avait instauré un système hybride source de conflits récurrents entre les branches exécutive et législative. L’opposition et des organisations de défense des droits humains accusent M. Saïed de chercher à faire adopter un texte taillé sur mesure pour lui.
Le directeur de la Commission internationale de juristes, Saïd Benarbia, a affirmé à l’AFP que le projet de Constitution publié jeudi « bafoue l’idée de séparation des pouvoirs » et met en place « un système présidentiel sans contre-pouvoirs avec un président omnipotent, un parlement impuissant et une justice inoffensive ».
Après des mois de blocage politique, M. Saïed, élu fin 2019, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 en limogeant le premier ministre et en suspendant le Parlement, dominé par Ennahda, faisant vaciller la jeune démocratie, berceau des « printemps arabes ». Le référendum sur la Constitution coïncidera avec le premier anniversaire de ce coup de force.