Aux Etats-Unis, la dérive suicidaire du Parti républicain
Menée par les partisans de Donald Trump, la stratégie de guerre culturelle, en particulier sur le port d’arme, le droit à l’avortement ou les personnes LGBT, coupe le parti d’une majorité de femmes et de jeunes.

Le Parti républicain aime perdre. Ou alors, il développe des tendances masochistes, un syndrome de Stockholm vis-à-vis de Donald Trump, l’homme qui modifie son visage et le tient en otage depuis sept ans. On exagère ? A peine, au vu des derniers mois de la vie politique américaine, riches en enseignements pour l’élection présidentielle de 2024. Ils dessinent un Grand Old Party (GOP) en pleine dérive, incapable de tirer les leçons des scrutins récents, sur le plan de son incarnation et de son programme. Même la condamnation de la violence politique est devenue une barre trop élevée à franchir.
Aux Etats-Unis, on n’a jamais vu un président sortant, défait lors de sa tentative de réélection, parvenir à se maintenir en haut de l’affiche. Donald Trump a réussi cette performance depuis novembre 2020. Son destin demeure incertain, même s’il se positionne en favori des primaires. Son inculpation le 4 avril par le procureur de Manhattan, Alvin Bragg – peut-être la première d’une série –, a provoqué une sorte de rappel des troupes au son du clairon, tandis que le panier de la collecte passait dans les rangs. Mais cette consolidation durera-t-elle ?
Donald Trump veut profiter de ce moment d’exposition médiatique, même négative, pour asseoir sa domination sur le parti. Fort de sondages très favorables, il essaie de raccourcir la piste de décollage que pourrait emprunter le gouverneur de Floride, Ron DeSantis. Celui-ci a décidé de patienter jusqu’à mai avant d’annoncer sa candidature, tout en épousant les positions de Donald Trump. Pour l’heure, sa stratégie est un échec. L’idée d’une alternative attractive à droite s’est effritée en trois mois. De quoi est fait DeSantis ? Acier présidentiel ou bulle saisonnière ?