Autoroute Antananarivo-Toamasina: la société civile demande la suspension des travaux

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Les organisations de la société civile tirent la sonnette d’alarme sur les travaux de construction de l’autoroute de la RN2. Dans un communiqué conjoint publié le 27 mai, elles dénoncent le manquement de consultation publique et interpellent les autorités afin de suspendre les travaux pour permettre un débat préalable public et inclusif.

« La société civile, n’est pas du tout contre les projets de développement économiques et des expropriations légales pour cause d’utilité publique mais souhaite une démarche transparente, inclusive et dénuée d’illégalités vis-à-vis de l’intérêt général de la Nation et des communautés Malagasy déjà paupérisées, sans moyen de défense et qui vivent au jour le jour », déclarent-elles dans leur communiqué. Elle réclament ainsi plus de transparence sur l’itinéraire final et complet de la construction, des informations sur les pertes et bénéfices socioéconomiques et environnementaux engendrés, l’origine, les conditions et volume réel des transactions financières des investissements et le respect du droit de propriété foncière.

Les signataires de ce communiqué interpellent également le ministère de l’Environnement le le Devéloppement Durable (MEDD) sur ses missions et rôles en rapport à sa dénomination face à cette initiative. Pour la société civile, le MEDD devrait faire en sorte que les infrastructures construites ont le moins d’impacts négatifs possibles sur la biodiversité et devrait faire appliquer la législation en vigueur relative à la gestion des ressources naturelles, des forêts et des aires protégées ainsi que les procédures à suivre : constitution, charte de l’Environnement, COAP, conventions internationales (CBD, CC, Désertification)
En effet, malgré les textes législatifs et réglementaire clairs, le projet a engagé des travaux et expropriations forcées de la population et des communautés impactées sur l’itinéraire fixe et complet de la construction sans permis environnemental, regrette la société civile.

La société civile rappelle dans son communiqué que l’itinéraire choisi pour l’autoroute devrait traverser des sites protégés emblématiques et inestimables pour leurs richesses biologiques, physiques et écosystémiques : l’aire protégée d’Anjozorobe Angavo, la zone RAMSAR de l’Alaotra et le Corridor forestier d’Ankeniheny-Zahamena.

Ce dernier devrait pourtant faire bénéficier plus de 15 000 ménages des financements internationaux REDD+. Le mécanisme REDD+ étant un mécanisme d’atténuation du changement climatique qui consiste à rémunérer les efforts de réduction des émissions de carbone provenant de la déforestation et la dégradation des forêts. Les activités de la REDD+ s’orientent ainsi principalement vers des objectifs de déforestation évitée, de conservation des forêts, d’augmentation de la couverture forestière et de gestion durable des forêts.

Les organisations de la société civile reprochent ainsi aux autorités de prendre des prérogatives de puissance publique d’investissements qui minimisent les consultations préalables et la transparence envers les citoyens et qui – de ce fait – s’exposent naturellement à des mécontentements populaires justifiables.

Récemment, le directeur général de l’Office Nationale de l’Environnement (ONE) a été limogé quarante-huit heures après une conférence de presse où il a déclaré que les grands travaux pour l’autoroute Antananarivo-Toamasina ne peuvent être réalisés sans permis environnement. Comme indiqué lors de la signature de partenariat

entre l’Etat et l’entreprise égyptienne BTP Samcrete, environ 80 km de cette route devraient être livrés vers fin 2023, ce qui pourrait correspondre au premier tronçon de 80 km jusqu’à Anjozorobe, où l’ONE a annoncé une descente sur le site entre le 30 mai au 14 juin 2023 pour l’évaluation de l’étude d’impact environnementale.

Si on en croit les autorités, l’autoroute Antananarivo-Toamasina est prévue être opérationnelle en 2026. Lors de ce lancement de travaux au début du mois de décembre dernier, le ministère des travaux publics a annoncé un budget total de 924 millions de dollars pour la réalisation des travaux, dont 20% assuré par l’Etat et 80% qui proviendraient des bailleurs de fonds et des partenaires. Aucun bailleur de fonds n’a pourtant manifesté officiellement à ce jour leur engagement pour ce projet.

(source: Mandimbisoa R.madagascar-tribune.com)

Communiqué de la Société Civile sur la construction de l’autoroute Antananarivo-Toamasina

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