La Commission européenne dévoile une ambitieuse stratégie pour l’industrie de défense

Bruxelles propose de cofinancer les acquisitions communes d’armes des Etats membres et la modernisation des usines du secteur, ainsi que de nouveaux outils pour renforcer les entreprises face à leurs concurrentes américaines.
Après deux ans de guerre en Ukraine, Bruxelles doit dévoiler, mardi 5 mars, sa stratégie de défense, afin d’accélérer les achats conjoints d’équipements militaires en faveur de l’Ukraine ou pour regarnir les arsenaux vides des Etats membres. « Il faut booster notre capacité industrielle de défense au cours des cinq prochaines années », a insisté Ursula von der Leyen, présidente de la Commission et candidate à sa succession, le 28 février, devant les parlementaires européens, alors que la guerre en Ukraine a rappelé les lacunes de la défense européenne.
Ce programme, que Bruxelles souhaite élargir d’emblée à l’industrie de défense de Kiev, doit également permettre de remettre à niveau les capacités de production, réduites après trente ans de sous-investissements, et de donner les moyens aux entreprises européennes de rivaliser avec leurs concurrentes américaines.
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, les Européens ont repris leurs investissements, augmentant de 6 % leur budget pour la seule année 2022. Mais l’essentiel des achats est réalisé hors du continent. « Depuis 2022, 75 % des achats d’équipements militaires sont allés à des firmes non européennes, rappelle une source à Bruxelles. Et 68 % à des entreprises américaines. L’objectif de l’Europe n’est pas d’arrêter les achats outre-Atlantique, mais d’augmenter la part des achats sur le Vieux Continent, en visant une part de marché de 50 %. »
Avant d’y arriver, il faudra néanmoins résister au lobby américain, dont certains représentants accusent déjà Bruxelles, et Thierry Breton, le commissaire européen chargé du dossier, en particulier, de vouloir mettre en place un « protectionnisme européen » sur les équipements militaires. Face à ces accusations, l’atlantiste Ursula von der Leyen a rappelé que « la souveraineté européenne rendra nos partenariats plus puissants. Elle ne rognera jamais l’importance et la nécessité de notre alliance avec l’OTAN ».
Quadrupler les capacités de production d’obus
Afin de faire davantage pour l’industrie de la défense, la Commission propose un programme européen industriel de défense qui joue à la fois sur l’offre et la demande d’équipements militaires. Côté offre, elle entend capitaliser le Fonds européen de défense (8 milliards d’euros, lancé en 2021), qui finance les recherches et les développements menés en consortium par les entreprises européennes. De même, elle veut approfondir et enrichir son fonds
(suite dans: lemonde.fr)