En raison de l’influence de TikTok, les juges roumains annulent la présidentielle

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Le candidat prorusse arrivé en tête du premier tour du scrutin a dénoncé « un coup d’Etat organisé ».

Après l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie, à Bucarest, le 6 décembre 2024. LOUISA GOULIAMAKI / REUTERS

C’est un communiqué laconique mais il a fait trembler tout un pays : « La Cour constitutionnelle annule l’intégralité du processus électoral pour l’élection du président de la Roumanie. » L’annonce, vendredi 6 décembre, à deux jours du second tour de la présidentielle, a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un pays en proie à des tensions politiques croissantes.

Calin Georgescu, candidat d’extrême droite et prorusse arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, a saisi cette occasion pour se poser en victime du système. « Les neuf juges de la Cour constitutionnelle ne peuvent imposer leur autorité à la volonté de 9 millions de Roumains qui ont voté, a-t-il lancé après l’annulation des élections. Nous sommes face à un déséquilibre des trois pouvoirs dans l’Etat. Le peuple roumain est souverain et personne ne pourra m’arrêter, parce que je suis son représentant. Je suis en train d’écrire une page d’histoire que l’actuel système ne pourra effacer. C’est tout simplement un coup d’Etat organisé. Notre démocratie est en danger. »

« Aujourd’hui, l’Etat roumain a mis la démocratie à genoux, a déclaré Elena Lasconi, la candidate proeuropéenne arrivée en deuxième position au premier tour du scrutin, le 24 novembre. L’économie s’effondre, la démocratie est détruite et le pays se dirige vers l’anarchie. »

Faute d’avoir justifié de manière précise sa décision controversée, la crédibilité de la Cour constitutionnelle de Roumanie est mise à rude épreuve. Cette institution, censée être le pilier de la justice, voit son indépendance mise en doute.

Guerre hybride orchestrée par Moscou

Si les neuf juges qui la composent sont nommés pour un mandat unique de neuf ans, leur sélection repose sur un processus politique : un tiers est désigné par la Chambre des députés, un autre par le Sénat et le dernier par le président de la République. Malgré les efforts du Conseil supérieur des magistrats pour instaurer un processus de nomination indépendant, la Cour reste ainsi liée aux sphères de pouvoir. Cette proximité nourrit les soupçons quant à sa capacité à trancher en toute impartialité. La crise actuelle, désormais déplacée des urnes vers le champ juridique, met en lumière ces vulnérabilités.

Le premier tour de l’élection présidentielle avait déjoué les pronostics  (…lire la suite)

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