armes à feu
Aux Etats-Unis, la Cour suprême consacre le droit de porter une arme à feu en dehors du domicile
De son côté, le Sénat a adopté, quelques heures plus tard, un texte bipartisan longtemps attendu, prévoyant des contrôles supplémentaires sur les ventes d’armes.
Dans l’histoire tourmentée des armes à feu aux Etats-Unis, le jeudi 23 juin 2022 restera gravé en lettres capitales. En une même journée, deux nouvelles, totalement opposées, ont émergé de Washington. La première avait pour origine la Cour suprême. Dans une décision retentissante, la majorité conservatrice des juges (six contre trois) a censuré une législation de l’Etat de New York qui limitait le port d’armes de poing en dehors du domicile.
La deuxième avait pour cadre le Congrès. Au terme de semaines d’âpres négociations, un compromis bipartisan, très rare au Sénat, a permis le passage de mesures renforçant le contrôle sur les ventes d’armes, en attendant un vote définitif à la Chambre, prévu vendredi.

Ces deux actualités en collision ne sont pas d’une force égale. Certes, le texte adopté au Sénat constitue un début de réponse politique aux tueries récentes de Buffalo, dans l’Etat de New York, et de l’école d’Uvalde, au Texas, qui ont ému l’opinion publique. Mais la décision de la Cour suprême n’est pas, elle, un compromis. Il s’agit d’un coup de bélier, voire d’une révolution, qui consacre le principe d’une liberté totale de porter une arme en tous lieux. « Nous ne connaissons aucun autre droit constitutionnel qu’un individu ne puisse exercer qu’après avoir apporté la preuve d’un besoin particulier auprès de représentants des pouvoirs publics », écrit le juge Clarence Thomas, qui tenait la plume.
Dans un avis additionnel, son collègue conservateur Brett Kavanaugh, ainsi que le Chief Justice (président de la Cour), John Roberts, ont tenu à souligner les limites de cette décision, comme s’ils craignaient l’ampleur de leur propre audace. Selon eux, elle ne remettrait pas en cause le principe des licences exigées dans 43 Etats pour porter une arme, et donc des vérifications obligatoires de casier judiciaire et d’antécédents psychiatriques. Simplement celui d’une « raison valable » réclamé dans quelques Etats pour postuler à un permis.
Joe Biden « profondément déçu »
Mais selon de nombreux experts, la décision de la Cour aura des conséquences plus larges. Dans son argumentaire, Clarence Thomas nie aux Etats la possibilité de légiférer sur les armes à feu en fonction de considérations empiriques, comme le taux de criminalité
Après l’arrêt de la Cour suprême, quelles limites au port d’armes restent possibles?

Armes à feu: ces stars d’Hollywood demandent que les films montrent l’exemple
J.J. Abrams, Julianne Moore ou Adam McKay s’engagent notamment à “limiter les scènes où figurent à la fois des enfants et des armes” au cinéma.

CINÉMA – Des stars d’Hollywood parmi lesquelles Amy Schumer, Julianne Moore et Mark Ruffalo ont publié ce lundi 13 juin une lettre ouverte demandant que les films et séries montrent l’exemple en matière d’armes à feu.
Cette lettre ouverte a été écrite en réponse au massacre de 19 enfants et deux enseignantes dans une école primaire du Texas, fin mai, et à une précédente fusillade meurtrière à Buffalo.
Elle est également signée par des producteurs célèbres comme J.J. Abrams (Lost), Shonda Rhimes (Bridgerton) et la présidente de Lucasfilm, Kathleen Kennedy.
“Les comportements culturels concernant le tabac, l’alcool au volant, le port de la ceinture de sécurité et l’égalité devant le mariage ont tous évolué en partie grâce à l’influence des films et de la télévision. Il est temps de commencer avec les dangers des armes à feu”, dit cette lettre diffusée par Brady Campaign, une association réclamant une réglementation plus stricte des armes à feu aux Etats-Unis.
“Nous ne demandons pas à tout le monde d’arrêter de montrer des armes à l’écran. Nous demandons aux scénaristes, aux réalisateurs et aux producteurs de faire attention aux violences par armes à feu montrées à l’écran et à promouvoir la sécurité dans le maniement de ces armes”, poursuivent les signataires.
“Nous n’avons pas créé le problème mais nous voulons contribuer à le résoudre”
Les films pourraient par exemple montrer les personnages en train de verrouiller le cran de sûreté de leur arme. Les équipes pourraient également essayer de trouver une alternative aux armes à feu dans certaines scènes sans “nuire à l’intégrité du récit”.
Relevant que le nombre de morts par armes à feu a récemment dépassé celui des accidents de la route chez les jeunes Américains, la lettre ouverte demande aux professionnels du secteur de “limiter les scènes où figurent à la fois des enfants et des armes”.
Au total, 4.368 enfants et adolescents américains âgés de moins de vingt ans ont été tués par arme à feu en 2020, selon les statistiques officielles.
Plus de 200 célébrités d’Hollywood, dont Jimmy Kimmel, Judd Apatow ou Adam McKay, ont signé la lettre. Ils soulignent que si les armes à feu sont omniprésentes dans les séries et les films du monde entier, “seule l’Amérique connaît une telle épidémie de violence”.
“La responsabilité en revient à des lois laxistes sur les armes, soutenues par des personnalités politiques qui sont plus préoccupées de rester au pouvoir que de sauver des vies”, écrivent-il. “Nous n’avons pas créé le problème mais nous voulons contribuer à le résoudre.”
(source: huffingtonpost.fr)