fauccon Medvedev

A Moscou, Dmitri Medvedev contre les « dégénérés » de l’Occident

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Longtemps considéré comme un libéral, l’ex-premier ministre et doublure de Vladimir Poutine au Kremlin se pose aujourd’hui en faucon du régime et réclame le rétablissement de la peine de mort.

Le numéro deux du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, à Moscou, le 27 janvier 2022. YULIA ZYRYANOVA / AFP

« Je les déteste. Ce sont des bâtards et des dégénérés. Ils veulent la mort pour nous, pour la Russie. Et tant que je vivrai, je ferai tout pour les faire disparaître. » Lapidaire, le dernier message de Dmitri Medvedev sur le réseau social Telegram, mardi 7 juin, a le mérite de la clarté, même si un doute subsiste quant à ce « ils » à qui l’ancien président russe voue une haine si farouche. Les Ukrainiens ? Peu probable, le discours public russe persistant à présenter le pays voisin comme ami victime, en quelque sorte, d’un malentendu. Les Occidentaux ? Plus sûrement, tant ce discours est devenu une constante chez l’actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe, dont la virulence est proportionnelle à l’image de « libéral » qu’il traînait jusque-là.

Le fil Telegram de M. Medvedev, ouvert seulement en mars (pendant des années, les autorités russes ont tenté de bloquer le service de messagerie avant de renoncer), est plein de ces saillies contre l’Occident « odieux, criminel et immoral » et de mises en garde : « La Russie a assez de puissance pour remettre à sa place tous ces ennemis déchaînés contre notre pays. » Ses références à une confrontation nucléaire sont fréquentes et le responsable du Conseil de sécurité, institution qui a pris de l’importance à la faveur du conflit en Ukraine, demande aussi le rétablissement de la peine de mort.

Etonnant parcours pour un homme qui, parce qu’il était féru de rock et adepte des nouvelles technologies, fut longtemps perçu comme un « pro-occidental » et un libéral. Son passage au Kremlin, entre 2008 et 2012, sera marqué par des promesses – non tenues – d’ouverture politique et de libéralisation économique. Eternelle doublure de Vladimir Poutine, promu président du parti au pouvoir Russie unie depuis 2012, il était ensuite rentré dans le rang et avait récupéré son fauteuil de premier ministre, jusqu’à 2020.

Sa transformation en faucon n’est pas entièrement nouvelle. En octobre 2021, il avait publié un article remarqué, reprenant au mot près les thèses de son mentor sur l’Ukraine pour appeler à « cesser les contacts » avec les dirigeants de ce pays. Il mentionnait notamment « certaines racines ethniques » (juive) …

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