Institut Pasteur

Covid-19 : pourquoi l’Institut Pasteur a abandonné son principal projet de vaccin

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La décision fait suite à des premiers essais chez l’homme dont les résultats ont été peu convaincants. Pour le fleuron de la recherche française sur les maladies infectieuses, la déconvenue est immense.

A l’Institut Pasteur, à Paris, le 21 janvier 2021. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Le communiqué publié lundi 25 janvier par l’industriel Merck est lapidaire : « La compagnie cesse le développement de ses deux candidats-vaccins contre le SARS-CoV-2/Covid-19. » Parmi eux, le projet-phare de l’Institut Pasteur, fleuron de la recherche française sur les maladies infectieuses et la mise au point de vaccins.

Certes, on savait que le candidat-vaccin de Pasteur avait pris du retard, en particulier sur les deux vaccins aujourd’hui disponibles, celui de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna, fondés sur la technologie très innovante de l’ARN messager. Mais le projet pastorien, conçu sur le principe des « vaccins vecteurs viraux », semblait prometteur et toujours dans la course.

Las. Lundi, quinze minutes après l’annonce de Merck, l’Institut Pasteur actait à son tour l’abandon du développement de « son » bébé-vaccin. Pourquoi ce coup d’arrêt brutal ? « Cette décision fait suite à l’examen par Merck des résultats des essais de phase 1 qui évaluaient ces candidats-vaccins, explique la firme. Les réponses immunitaires obtenues étaient inférieures à celles observées après une infection naturelle, et à celles reportées pour les autres vaccins développés contre le SARS-Cov-2/Covid-19. »

Chez l’animal, ce candidat-vaccin avait pourtant montré des résultats convaincants, tant en matière d’innocuité que d’efficacité. Il était donc évalué chez 90 patients dans des essais visant à prouver sa bonne tolérance et à mesurer les réponses immunitaires. Un de ces essais, dont l’Institut Pasteur était promoteur, était mené à l’hôpital Cochin (AP-HP, Paris) et en Belgique ; et un autre, en Autriche et en Allemagne. Merck était chargé d’analyser les résultats. Or, selon les données communiquées à Pasteur, « les réponses immunitaires ne sont pas à la hauteur de nos attentes, admet Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur. C’est une déception. Mais les arguments contre la poursuite du projet sont trop forts ».

(source: Le Monde)