Institut Pasteur
Covid-19 : pourquoi l’Institut Pasteur a abandonné son principal projet de vaccin
La décision fait suite à des premiers essais chez l’homme dont les résultats ont été peu convaincants. Pour le fleuron de la recherche française sur les maladies infectieuses, la déconvenue est immense.

Le communiqué publié lundi 25 janvier par l’industriel Merck est lapidaire : « La compagnie cesse le développement de ses deux candidats-vaccins contre le SARS-CoV-2/Covid-19. » Parmi eux, le projet-phare de l’Institut Pasteur, fleuron de la recherche française sur les maladies infectieuses et la mise au point de vaccins.
Certes, on savait que le candidat-vaccin de Pasteur avait pris du retard, en particulier sur les deux vaccins aujourd’hui disponibles, celui de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna, fondés sur la technologie très innovante de l’ARN messager. Mais le projet pastorien, conçu sur le principe des « vaccins vecteurs viraux », semblait prometteur et toujours dans la course.
Las. Lundi, quinze minutes après l’annonce de Merck, l’Institut Pasteur actait à son tour l’abandon du développement de « son » bébé-vaccin. Pourquoi ce coup d’arrêt brutal ? « Cette décision fait suite à l’examen par Merck des résultats des essais de phase 1 qui évaluaient ces candidats-vaccins, explique la firme. Les réponses immunitaires obtenues étaient inférieures à celles observées après une infection naturelle, et à celles reportées pour les autres vaccins développés contre le SARS-Cov-2/Covid-19. »
Chez l’animal, ce candidat-vaccin avait pourtant montré des résultats convaincants, tant en matière d’innocuité que d’efficacité. Il était donc évalué chez 90 patients dans des essais visant à prouver sa bonne tolérance et à mesurer les réponses immunitaires. Un de ces essais, dont l’Institut Pasteur était promoteur, était mené à l’hôpital Cochin (AP-HP, Paris) et en Belgique ; et un autre, en Autriche et en Allemagne. Merck était chargé d’analyser les résultats. Or, selon les données communiquées à Pasteur, « les réponses immunitaires ne sont pas à la hauteur de nos attentes, admet Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur. C’est une déception. Mais les arguments contre la poursuite du projet sont trop forts ».
(source: Le Monde)