nouveau gouvernement 2024 Ntsay
Beaucoup de recyclages pas vraiment écolos
Il faut reconnaître que sur le papier, le gouvernement Ntsay qui a été présenté dimanche semble a priori avoir fière allure : de nombreux technocrates, plusieurs titulaires d’un doctorat, des majors de promotion dans leurs disciplines, des jeunes au parcours séduisant. On constate qu’il y a deux viviers qui montent en puissance : l’Université catholique de Madagascar et le clan des réputés proches de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga. La seule question qui se pose est la marge de manœuvre de ces technocrates, avec un pouvoir présidentiel hyper-puissant et centralisateur, qui fait que même le Premier ministre est réduit au rang de marionnette. À cet égard, alors que des ministères comportent les mêmes attributions dans leurs intitulés, l’institution de secrétariats d’État auprès de la Présidence en charge de l’économie, du commerce, de l’artisanat ou de la jeunesse pourrait être considérée comme défiant la raison, si elle n’était avant tout révélatrice. Il est vrai qu’après une campagne électorale, il faut multiplier les parts de gâteau à partager pour limiter le nombre de frustrés.
Vieilles planches pour nouveau meuble
Équipe a priori séduisante donc, mais a priori seulement. En effet, une fois que l’on gratte sous le vernis de la nouveauté, on s’aperçoit qu’il y a quand même une forte proportion de vieilles planches pour essayer de construire un nouveau meuble. Plus de la moitié du Gouvernement est composée de revenants. Parmi eux, la nomination du bien connecté Naina Andriantsitohaina suscite des interrogations : incapable de gérer correctement la Capitale en tant que Maire, il a été catapulté ministre de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire. Ce n’est pas vraiment qu’il ait été pire que ses prédécesseurs : le problème est justement qu’il n’ait pas été meilleur. Et ce, malgré ses rodomontades et la propagande électorale qui disait que les problèmes seraient résolus une fois que la Capitale aurait un édile de la Capitale aux mêmes couleurs politiques que le régime central. Un maire n’ayant pas convaincu dans l’aménagement d’une seule ville peut-il être un ministre de l’Aménagement performant pour tout un pays ?
Aux côtés de Naina Andriantsitohaina, le retour de plusieurs personnalités au profil largement plus politique que technique, et au bilan discutable, conforte l’impression de plat réchauffé. Le jeu de chaises musicales entre Augustin Andriamananoro et Lalatiana Rakotondrazafy prête à sourire de par les âpres négociations qu’on devine en coulisses. Par ailleurs, le maintien à leurs postes d’Edgard Razafindravahy et de Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison confirme le poids de certains lobbys économiques. Quant à l’ancien Commandant de la Gendarmerie nationale, le général Rakotondrazaka, il a été récompensé de son efficacité dans la répression des manifestations de l’opposition avant le premier tour de la présidentielle. On se demande toutefois avec amusement ce qu’il en est advenu de ceux qui se sont mis au plus offrant pour rejoindre l’Upar : était-ce un coup pour rien, ou le meilleur est-il encore à venir ? Comme dirait l’autre, dia niandry teo i Paoly, fa tsy izy no nandrasana.
Paroles, paroles, paroles…
Pour tenter de convaincre de sa bonne volonté, Andry Rajoelina a souligné les innovations apportées au processus de désignation des ministres : tests, exposés, grand oral, tests psychométriques. Lire la suite »
