Sierra Leone
Les Etats africains sous pression de la Chine à l’ONU
Pékin exerce une emprise croissante sur les capitales africaines afin de les forcer à s’aligner sur ses intérêts diplomatiques.
Quand il est revenu de Sierra Leone à la fin du printemps, l’ambassadeur à l’ONU Alie Kabba avait changé. Lui, le charismatique homme politique aux ambitions présidentielles, ministre des affaires étrangères en 2018 avant de représenter son pays aux Nations unies un an plus tard, est abattu.
Coordinateur du « Comité des dix » (C10) – un groupe de dix pays africains censés défendre la position de l’Union africaine (UA) sur une éventuelle réforme du Conseil de sécurité –, Alie Kabba était bien plus affable quelques semaines plus tôt. Il demandait alors aux Etats membres de l’aider à convaincre les membres permanents du Conseil réticents à une réforme. La Chine et la Russie sont en effet ouvertement opposées à tout changement, qu’il s’agisse d’ajouter de nouveaux membres permanents ou de modifier le droit de veto.
Mais dans la dernière ligne droite de cette discussion, annuelle depuis 2008, l’ambassadeur de la Sierra Leone s’était éteint et ne mettait plus en avant que des positions africaines datées. « Tout le monde a compris qu’il avait subi des pressions de sa capitale, sur ordre de Pékin », lâche un diplomate européen. Cette bataille autour de la réforme du Conseil de sécurité, qui s’est terminée en juin sur un statu quo et une reconduction pour 2022, est le dernier épisode où se cristallisent les relations Chine-Afrique à l’ONU.