Le secret du Tsar: Alexandre Ier ou Fiodor Kouzmitch?
La légende selon laquelle le tsar Alexandre Ier, vainqueur de Napoléon lors de la Campagne de Russie, aurait abandonné la charge du pouvoir afin d’expier ses fautes sous l’identité d’un saint ermite – Feodor Kouzmitch sera béatifié en 1984 par l’église orthodoxe – se propage et captive les écrivains dont Tolstoï, qui popularise l’affaire dans son roman Mémoires du starets Fiodor Kouzmitch. Elle reste l’une des plus mystérieuses énigmes de l’histoire russe.
L’un fut tsar de toutes les Russies de 1801 à 1825, l’autre un humble ermite de Sibérie déporté dans la région de Tomsk. Quel lien existe entre ces deux Russes que tout semble opposer? Le documentaire «Le secret du tsar», diffusé mercredi 10 décembre sur KTO, se penche sur le sujet.
Plongé dans le mysticisme dans les dernières années de sa vie, hanté par le parricide auquel il avait participé, le tsar Alexandre Ier se désintéresse de la politique. Lors d’un voyage destiné à rejoindre un climat plus propice à la santé de l’impératrice, il attrape froid et s’éteint le 2 décembre 1825 à Taganrog, une ville portuaire de la mer d’Azog, au nord de la Russie.
Cette disparition dans une ville si éloignée de Saint-Pétersbourg fait naître de nombreuses spéculations: le corps inhumé dans un cercueil clos -contrairement à la tradition orthodoxe- dans la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint Pétersbourg ne serait pas le sien mais celui d’un cosaque. Onze ans après la disparition de l’empereur, un religieux russe orthodoxe, Fiodor Kouzmitch, qui enseigne les Ecritures saintes dans la ville de Tomsk, est identifié par le marchand Khromov comme le tsar disparu. L’ermite vit au service de la population qu’il frappe par l’étendue de sa culture, par sa piété et ses manières raffinées. Lorsqu’il meurt, Khromov fait parvenir des icônes et un portrait de Fiodor au tsar Alexandre III qui, ébranlé par la ressemblance, fait ouvrir le cercueil d’Alexandre Ier. Celui-ci est vide …
(Anne Laure de Baecker – Le Figaro)