L’Iran prévoit de produire de l’uranium enrichi à 20 %, une démarche qui contrarie les Etats-Unis et l’Europe
Téhéran défend que cette opération vise à améliorer « la production de produits pharmaceutiques ». Des ministres européens y voient « une violation grave » et Washington, des « provocations ».
Les efforts pour sauver l’accord international de Vienne semblent un peu plus compromis. Téhéran a décidé de s’affranchir davantage de ses engagements en matière nucléaire, provoquant l’inquiétude des Américains et des Européens, mardi 6 juillet.
L’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait savoir, dans un rapport consulté par l’Agence France-Presse (AFP), que l’Iran comptait « produire de l’uranium, métal avec un taux d’enrichissement de 20 % », en violation de ses engagements internationaux. « Les opérations ont commencé », a confirmé le représentant de l’Iran auprès de l’agence onusienne, Kazem Gharibabadi, cité par l’agence iranienne Irna, en assurant que celles-ci visaient à améliorer « la production de produits pharmaceutiques ».
Mais les Occidentaux craignent que, sous couvert de recherches scientifiques, l’Iran ne cherche à se doter de l’arme atomique. « C’est inquiétant que l’Iran ait choisi l’escalade (…) avec des expériences qui ont de l’intérêt pour la recherche d’armes nucléaires », a commenté le porte-parole du département d’Etat, Ned Price lors d’un point-presse, en l’appelant à mettre un terme à cette « provocation ».
« L’Iran n’a aucun besoin civil crédible de poursuivre des activités de production ou de recherche et développement sur l’uranium métal qui constituent une étape-clé du développement d’une arme nucléaire », ont renchéri les ministres des affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, en faisant part dans un communiqué commun de leur « grande préoccupation ».
« Un nouveau pas en arrière »
L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien a été mis à mal en 2018 avec le retrait des Etats-Unis sous Donald Trump et le rétablissement des sanctions américaines. En riposte, l’Iran a renoncé à une partie de ses engagements. A son arrivée à la Maison Blanche en janvier, Joe Biden a annoncé son intention de revenir dans cet accord et des négociations ont repris en avril dans la capitale autrichienne entre les pays signataires pour définir le cadre de ce retour. Mais, en février, Téhéran a imposé des restrictions aux vérifications menées par l’AIEA et a commencé la production d’uranium métal à des fins de recherche, un sujet sensible, car cette matière peut être utilisée dans la fabrication d’armes nucléaires.
En décidant désormais de passer à un taux d’enrichissement supérieur, « l’Iran fait peser un risque sur la possibilité de conclure avec succès les discussions de Vienne », ont estimé les ministres européens.
(source: Le Monde)