Aux Philippines, Rodrigo Duterte annonce qu’il se retirera de la vie politique à la fin de son mandat
Le dirigeant, qui pourrait faire l’objet de poursuites judiciaires consécutives à sa « guerre contre la drogue » qui a fait des milliers de morts, ouvre la voie à la candidature de sa fille à l’élection présidentielle de mai 2022.

Rodrigo Duterte jette l’éponge : le président philippin, qui est limité à un seul mandat de six ans, ne sera pas candidat à la vice-présidence aux élections de mai 2022 et annonce son retrait de la vie politique. Il affirme avoir pris note du « sentiment dominant » des Philippins. « Ce serait une violation de la Constitution de contourner la loi et l’esprit de la Constitution », a concédé, samedi 2 octobre, ce populiste à l’ordinaire enclin aux fanfaronnades.
M. Duterte, 76 ans, avait accepté le 24 août d’être le candidat à la vice-présidence de son parti, le PDP-Laban – les Philippins élisent au suffrage universel leur président mais aussi son vice-président –, et défendu ce choix au nom de sa volonté d’échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires consécutives à sa « guerre contre la drogue ». Une campagne antinarcotique qui a fait des milliers de morts, notamment dans le cadre d’exécutions extrajudiciaires de dealeurs présumés, par la suite maquillées en légitime défense. La Cour pénale internationale (CPI) avait autorisé, le 15 septembre, l’ouverture d’une enquête officielle pour « crime contre l’humanité » entre 2011 et 2019. Des experts n’ont cependant pas manqué de souligner que la vice-présidence ne garantissait pas à M. Duterte l’immunité – surtout si le prochain président appartient au camp adverse.
Le dirigeant philippin a expliqué son revirement par les « différentes enquêtes, forums, et réunions » qui ont suivi sa nomination à la candidature de vice-président. En dépit d’une cote de popularité en baisse mais toujours estimée à 75 %, un sondage publié en septembre par l’institut philippin Social Weather Stations a montré que 60 % des personnes interrogées considéraient que son éventuelle candidature à la vice-présidence « violait l’esprit de la Constitution ».
Nouveau scandale de corruption
Le clan Duterte pourrait donc se reconcentrer sur un objectif. Le retrait du patriarche ouvre en effet la voie à sa fille, Sara Duterte, 43 ans, pour postuler à la présidence.