Quand Macron et Scholz parlent à Poutine, une partie de l’Europe s’agace
Chaque entretien Macron-Poutine suscite désormais des critiques d’une partie de l’Europe, qui reproche à la France de maintenir l’illusion d’un compromis, au lieu de se concentrer sur l’aide militaire à l’Ukraine.

Un Sommet européen extraordinaire s’ouvre aujourd’hui à Bruxelles, consacré évidemment à l’Ukraine. Dans sa lettre d’invitation, le Président du Conseil européen, Charles Michel, écrit que « notre unité a été notre principal atout », depuis le début de l’invasion russe il y a 3 mois. « Elle demeure le principe qui nous guide », ajoute-t-il.
Malgré ces belles paroles, de fortes tensions existent au sein des « 27 » ; et elles secouent le leadership habituel de la France et de l’Allemagne. Une fronde qui vise leur position mesurée sur l’Ukraine, et surtout leur volonté de préserver le dialogue avec la Russie.
Samedi, Emmanuel Macron, accompagné cette fois du Chancelier allemand Olaf Scholz, a eu Vladimir Poutine au téléphone. Pour le président français, on ne compte plus le nombre d’appels, en vain. Les comptes-rendus ne laissent pas entrevoir plus de résultats cette fois, avec un Président russe inflexible et menaçant. Aussitôt, une vague de critiques a visé Macron et Scholz.
Une partie de l’Europe, principalement les anciens pays communistes, estime que la priorité est d’aider l’Ukraine militairement, pas de chercher une sortie honorable à Poutine. Ils reprochent à l’Allemagne d’avoir mis trop de temps avant de se convertir à l’idée de livrer des armes à l’Ukraine, et à la France de maintenir l’illusion d’un compromis possible avec Poutine.
Il ne s’agit pas que des critiques des réseaux sociaux. Le Président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement d’Estonie, un pays où la France a stationné des troupes dans le cadre de l’Otan, a décrit Macron et Scholz « en état de mort cérébrale », reprenant la formule du Président français qui visait justement … l’Otan ! « C’est incroyable, la France et l’Allemagne ouvrent la voie à plus de violence de la part de la Russie », a-t-il dit.
L’ancien premier ministre lituanien, Andrius Kubilius, a appelé les Français et les Allemands à imiter le public lituanien qui, en trois jours, a réuni dans un téléthon de quoi acheter un drone turc pour l’armée ukrainienne ! « C’est plus important que ces coups de fil sans fin à Poutine », a-t-il dit.
Un fossé inquiétant se creuse entre la « vieille Europe », celle de l’Ouest, et la « nouvelle » à l’Est, pour reprendre une formule américaine remontant à la guerre d’Irak ; entre Paris, Berlin ou Rome qui veillent à permettre une sortie négociée à la guerre, au nom d’une sécurité à plus long terme du continent, et ceux qui se sentent encouragés par les succès initiaux ukrainiens et estiment que la victoire militaire est possible. Ce dernier groupe de pays se sent plus en phase avec Londres et Washington, qu’avec Paris et Berlin.
On a vu ce clivage lorsqu’Emmanuel Macron a proposé une Communauté politique européenne pour éviter d’intégrer l’Ukraine trop vite au sein de l’UE : la proposition a été bien accueillie à l’Ouest, dénoncée à l’Est.
Tout le monde au sein de l’UE -sauf la Hongrie, évidemment- est derrière l’Ukraine. Mais ces divergences sur les buts de guerre font courir un risque aux « 27 ». Le silence d’Emmanuel Macron, qui ne s’est pas exprimé sur l’Ukraine depuis son discours du 9 mai, ni en direction des Français, ni à l’extérieur, rend sa stratégie peu lisible. Il y a urgence à l’expliquer, et à la clarifier.
(source: franceinter.fr)
La Russie est « prête » à aider une exportation « sans entraves » des céréales de l’Ukraine, a déclaré Vladimir Poutine, samedi 28 mai, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz. Par ailleurs, au cours de ce même entretien, le président russe a dénoncé le « caractère dangereux » des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, et mis en garde contre une « déstabilisation » ultérieure.