Face à l’inflation, les banquiers centraux à l’attaque
Malgré les risques de récession, les grands argentiers de la planète promettent d’augmenter les taux d’intérêt afin d’enrayer la hausse des prix.
Enfermés dans une salle sans fenêtres au milieu des splendides collines de Sintra, au Portugal, les principaux banquiers de la planète ont voulu envoyer, mercredi 29 juin, un message de détermination absolue à lutter contre l’inflation. Quel qu’en soit le coût économique.
Jerome Powell, Christine Lagarde et Andrew Bailey, à la tête respectivement des banques centrales des Etats-Unis, de la zone euro et du Royaume-Uni, étaient réunis pour la traditionnelle conférence annuelle organisée par la Banque centrale européenne – la première sous forme physique depuis la pandémie. Avec une inflation qui dépasse 8 % dans chacune des trois régions, très loin de leur objectif de 2 %, ils étaient tous les trois attendus au tournant : vont-ils continuer à augmenter leurs taux d’intérêt alors que les économies montrent d’inquiétants signes de ralentissement ?
« Notre mission, notre travail, notre mandat est d’assurer la stabilité des prix, et nous ramènerons [l’inflation] à 2 % », répond Mme Lagarde. « Pour réduire l’inflation, il faut ralentir la demande, ajoute M. Powell. Y a-t-il un risque qu’on aille trop loin ? Oui, mais je ne crois pas que ce soit le cas. Et surtout, ce serait faire une erreur bien pire que d’échouer à contrôler l’inflation. » Tout en s’en défendant, il laisse entendre qu’il préfère une récession à une inflation débridée.
« D’où va venir la croissance ? »
Les grands argentiers promettent donc de continuer le chemin de la « normalisation » de leur politique monétaire. La BCE, dont le taux de dépôt est actuellement de – 0,5 %, va l’augmenter de 0,25 point en juillet – une première en onze ans – et sans doute de 0,50 point en septembre. D’ici à la fin de l’année, quatre hausses devraient avoir eu lieu, pour un taux d’intérêt proche de 1 %. Aux Etats-Unis, la Fed a déjà réalisé trois hausses, pour un total de 1,5 point. Son taux, aujourd’hui dans une fourchette entre 1,50 % et 1,75 %, devrait encore doubler d’ici à la fin de l’année. La banque d’Angleterre suit une trajectoire similaire.
Mas en parallèle de ce durcissement monétaire, le problème est que le choc pétrolier que traverse le monde est en train de donner un très sérieux coup de frein à la croissance. « On est en plein ralentissement et la récession semble inévitable », estime Erik Nielsen, économiste à Unicredit, une banque italienne. Pour lui, l’économie mondiale, et particulièrement la zone euro, fait face à une tempête sur tous les fronts. « On a la plus forte baisse du pouvoir d’achat de mémoire récente, le commerce mondial ralentit, les Etats réduisent leurs aides budgétaires… D’où va venir la croissance ? » M. Nielsen ne parie pas sur un scénario catastrophe, estimant que la récession devrait être limitée, mais il s’inquiète de voir les banques centrales augmenter leurs taux d’intérêt trop rapide..