Trois ans après l’expiration du dernier accord de pêche entre Madagascar et l’Union Européenne, les autorités donnent leur feu vert pour sa reprise lors du dernier conseil des ministres hier.
Il a fallu sept tours de négociations pour aboutir à cet nouvel accord. Le dernier accord ayant expiré fin 2018, plus de trois années après, les deux parties ont pu trouvé finalement un terrain d’entente sur les nouvelles conditions. Après les accords signés avec les japonais au mois de juillet dernier pour la pêche au thon, vient le tour des européens.
Le Ministère de la pêche tout comme les organisations de la société civile (OSC) ont insisté pour que Madagascar reçoive une compensation financière équitable pour les thons capturés dans ses eaux nationales. La hausse du droit d’accès pour les armateurs européens a ainsi été revue dans le nouvel accord. Le prix à payer sur une tonne de thon capturée passera à 220 euros si cela était de 142 euros auparavant. Les redevances perçues par Madagascar passeront ainsi de 40% contre 36% auparavant. Le nombre de bateaux de pêche européens autorisés à pêcher dans les eaux malgaches devront être réduit de 25 à 30% et la quantité de produits autorisés à la capture est limitée à 14 000 tonnes par an. Le droit d’accès payé à Madagascar est le deuxième droit d’accès le plus élevé dans l’océan Indien. Il est de 231 euros par tonne pour Maurice et de 191 euros par tonne pour les Seychelles, se targue de son côté le ministère de la Pêche et de l’Economie. L’écart entre la compensation financière pour Madagascar et les bénéfices des entreprises privées dans le secteur reste pourtant énorme. Par exemple, sur le marché au gros de Rungis en France, le prix moyen au kg du thon est de 11 euros actuellement.
Dans le cadre de la concrétisation de ce nouvel accord de pêche, une délégation de l’Union européenne est attendue à Madagascar vers fin octobre. Les sujets relatifs aux contrôleurs de pêche, aux pêcheurs malgaches, à la taxe pour l’environnement ou encore aux différents appuis à l’économie bleue devront être discutés lors de cette prochaine rencontre. Le premier accord de pêche entre Madagascar et l’Union européenne date de 1986. Le dernier accord a été signé en 2014 et arrivé à échéance en 2018.
Les autorités ont par la suite exigé de la part de l’UE une compensation financière équitable tenant compte de la valeur des thons capturés, des coûts d’exploitation, des coûts de gestion et des charges de suivi, contrôle et surveillance. Les accords avec l’UE sont en effet souvent critiqués au niveau international pour le faible montant de la compensation financière octroyée, le prix de l’accès aux ressources représentant moins de 5% des profits obtenus par les bateaux de pêche européens.
Auparavant, les accords de pêche avec l’UE sont à peine rendus publics et ne sont connus qu’après leur conclusion tout comme les accords asiatiques. Le ministère s’efforcerait d’obtenir de meilleurs accords mais force est de constater que les accords avec les pays d’Asie tels que le Japon, Taiwan, la Corée du Sud et la Chine restent opaques et généralement confidentiels.
Le scandale des derniers protocoles d’accord de pêche signés avec des sociétés chinoises en 2018 (pour 330 navires), en 2019 (pour une trentaine de navires) ou encore récemment au mois de juillet dernier avec l’association japonaise des coopératives de thon Japan Tuna a pourtant montré que le public porte un fort intérêt pour le sujet de la pêche dans les eaux malagasy. De même, le CAPE (Coalition pour des accords de pêche équitables) avait tiré la sonnette d’alarme en 2020 sur l’emprise grandissante de flottes d’origine asiatique sur les ressources halieutiques de Madagascar, et les inquiétudes que cela génère chez les petits pêcheurs malgaches depuis plusieurs années.
(source: madagascar-tribune.com)
