La 25e Knesset sera la plus religieuse de toutes, mais encore loin d’une théocratie

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La coalition devrait avoir un impact majeur sur les relations de la religion et de l’État et la certification de la casheroute. Conversions et droits LGBT pourraient être affectés

Illustration : Manifestation de juifs ultra-orthodoxes aux abords du quartier de Meah Shearim, le 3 juin 2017. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Sauf surprise de dernière minute, pour la première fois dans toute l’histoire d’Israël, le gouvernement sera majoritairement composé de partis religieux.

Ces derniers – HaTzionout HaDatit, Shas et Yahadout HaTorah – détiennent en effet 33 des 64 sièges de la future coalition, soit deux de plus que le Likud.

Cela devrait avoir des conséquences importantes sur les questions de religion et d’État en Israël, car chacun de ces partis a déjà présenté des projets pour défaire les réformes mises en place par le gouvernement sortant et en instituer de nouvelles, de nature à renforcer le contrôle orthodoxe sur la vie religieuse des Israéliens.

Certes, ces partis religieux détiennent la majorité au sein du gouvernement, mais leur influence devrait être limitée par les franges libérales et laïques du Likud, qui demeure le parti le plus important de la coalition.

Shlomit Ravitsky Tur-Paz, directrice du Centre pour une société partagée à l’Institut israélien de la démocratie, a noté qu’il s’agissait d’une position nouvelle pour le Likud, car le parti est plutôt traditionaliste en matière de religion, et a souvent fait coalition commune avec des partis haredi dont il a soutenu les programmes.

« Nous n’avons jamais eu de gouvernement Likud-haredi sans force modératrice, que ce soit Yisrael Beytenu, Koulanou, Kakhol lavan ou Avoda. Il y a toujours eu un parti, une force qui faisait contre-poids. Plus aujourd’hui. Mais le Likud est un parti pluriel, avec des laïcs et des traditionnalistes. Je ne crois pas que le statu quo changera de sitôt », estime-t-elle.

« Nous nous trouvons dans une situation absurde où c’est le Likud qui va jouer le rôle du modérateur », relève avec ironie Ravitsky Tur-Paz, qui est marié à Moshe Tur-Paz, membre du parti Yesh Atid, sur le point d’entrer dans l’opposition.

L’une des clefs de voûte de la limitation de la pression religieuse en Israël a toujours été le système judiciaire, qui a invalidé des lois et donné une interprétation plus libérale des lois existantes.

Or, tous les partis de la future coalition ont évoqué la nécessité de limiter grandement les pouvoirs judiciaires, voire d’empêcher toute intervention judiciaire.

Le chef du parti Shas, Aryeh Deri, avec ses partisans à l’annonce des résultats des élections israéliennes à Jérusalem, le 1er novembre 2022. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90

Le rabbin Seth Farber, chef du groupe de défense des droits religieux orthodoxes Itim, estime que la suppression de ce qui a jusqu’alors permis d’assurer la liberté religieuse des Israéliens pourrait avoir des conséquences profondes sur l’équilibre entre religion et État.

« L’un des éléments qui a permis de contrôler les relations entre religion et État – aussi complexes soient-elles – est le pouvoir des tribunaux. Pouvoir qui pourrait être encadré sinon remis en cause. C’est une vraie source d’inquiétude », confie-t-il.

Tani Frank, directeur du Centre pour le judaïsme et la politique de l’État à l’Institut Shalom Hartman, impliqué depuis longtemps dans les questions de religion et d’État, estime que ces partis reculeront sans doute sur leurs positions, de peur d’aller trop loin et de faire face à la réprobation dans la rue.

« Ils savent que tout ce qu’ils feront sera assimilé – à juste titre – à une pression religieuse. Et les gens n’en veulent pas », explique Frank.

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