Kaja Kallas, première ministre d’Estonie : « A la fin de la guerre en Ukraine, la seule garantie de paix, c’est l’OTAN »
La cheffe du gouvernement estonien, fortement engagé dans le soutien à l’Ukraine, estime que la guerre a donné une place « égale » à tous les pays de l’Union européenne.

Interrogée à l’occasion de la conférence Lennart Meri sur la sécurité et la défense, organisée du 12 au 14 mai à Tallinn (Estonie), Kaja Kallas, la première ministre estonienne, a rappelé son soutien à l’Ukraine, le besoin de préparer son adhésion à l’Union européenne et de lui proposer un chemin vers l’OTAN, à la fin de la guerre.
Le 9 février, vous demandiez que l’Europe commande et transfère un million de munitions à l’Ukraine. Quelques mois plus tard, avez-vous le sentiment d’avoir été entendue ?
Entre notre demande et les annonces en mars, puis en mai, par la Commission, à peine quelques semaines se sont écoulées. C’est bien la preuve que l’Union, quand elle le veut, peut être très rapide. Reste maintenant la mise en œuvre. Pour l’instant, sur ce million d’obus d’artillerie, seulement 45 000 ont été transférés à l’Ukraine. L’Estonie a pris la décision d’envoyer ses munitions. J’espère que les autres pays feront de même. La production doit dans le même temps accélérer. L’exécution de notre plan munition est de la plus grande importance.
Avec la guerre en Ukraine, avez-vous le sentiment d’un changement de dynamique entre les Etats de l’Union européenne ?
Il y a une chose que Poutine n’avait pas réalisée, et qu’il a réussi à accomplir, c’est de nous unir. Poutine ne croit pas au multilatéralisme et nous avons prouvé que le multilatéralisme peut fonctionner. De fait, la guerre en Ukraine se terminera lorsque la Russie se rendra compte que c’était une erreur, qu’elle ne peut pas la gagner. Tant que ce ne sera pas le cas, nous soutiendrons l’Ukraine.
L’exemple de l’achat de munitions est-il le signe qu’au sein des Vingt-Sept le centre de gravité de l’Union se déplace vers l’Est ?
Je ne le ressens pas comme ça. C’est plutôt que maintenant, tout le monde est écouté. En Europe, chacun apporte quelque chose à la table commune et l’esprit du compromis est permanent pour avancer. Les grands pays, souvent des vieilles démocraties comme la France et l’Allemagne, viennent avec leur expérience, leurs façons de faire. Nous, nous venons avec notre fraîcheur.
(source: lemonde.fr)