Ursula von der Leyen : « A long terme, il est impossible que l’Ukraine ne soit pas membre de l’UE »

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Dans un entretien au « Monde », la présidente de la Commission européenne salue les progrès de l’Ukraine pour adhérer à l’UE, mais ne donne pas de calendrier précis.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le premier jour de la conférence sur l’Ukraine à Londres, le mercredi 21 juin 2023. HENRY NICHOLLS / AP

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, n’est pas arrivée les mains vides à Londres, mercredi 21 juin, pour la conférence internationale consacrée à la reconstruction de l’Ukraine, organisée sous l’égide du Royaume-Uni. La veille, l’exécutif communautaire a demandé aux Vingt-Sept de dégager 50 milliards d’euros (17 milliards de dons, 33 milliards de prêts) pour aider l’Ukraine sur quatre ans, jusqu’en 2027.

Etonnante conférence : alors que la guerre fait rage en Ukraine, elle rassemble investisseurs privés et dirigeants politiques, dont les ministres d’une quarantaine de pays, et il y est discuté d’un avenir où le pays investirait dans la transition numérique et l’énergie propre. Déconnectée de la réalité ? « Nous envoyons un message politique fort, à savoir que nous sommes aux côtés de l’Ukraine pour le long terme, répond Mme von der Leyen, dans un entretien à cinq journaux européens, dont Le Monde. Mais c’est aussi très concret. Nous nous engageons pour un budget de soutien au-delà de 2023. Je propose que les Etats membres allouent 50 milliards d’euros pour l’Ukraine, alors même que la guerre continue. »

L’effort de reconstruction doit en effet se dérouler en parallèle des combats. Ainsi, cet hiver, le réseau électrique a été systématiquement visé par les bombardements russes, et il a fallu le remettre en fonctionnement le plus rapidement possible. Oleksandr Koubrakov, vice-premier ministre ukrainien chargé de la reconstruction, évoque « 600 bâtiments, 20 000 maisons, 122 ponts et routes, 500 centres de soins et 1 000 écoles » à remettre en état : « pour l’instant, on parle juste de fournir les services de base à la population ».

Les Etats membres ne se sont cependant pas encore prononcés sur les 50 milliards d’euros proposés par la Commission, et les plus frugaux d’entre eux devraient exprimer certaines réticences. « Si, politiquement, le soutien à l’Ukraine n’est pas mis en cause, certains comme les Pays-Bas se demandent s’il est bien nécessaire de s’engager sur quatre ans plutôt qu’au fil des ans », explique un diplomate européen. Catherine Colonna, la ministre française des affaires étrangères, s’est elle-même montrée prudente : s’il lui « semble raisonnable » de prévoir un budget pluriannuel, elle juge « prématuré » de s’engager sur une somme précise.

Conditions

Pour que Kiev ait accès à ces fonds, la Commission pose ses conditions : elle lui demande d’élaborer un plan de réformes et d’investissements qui lui permettront de se rapprocher des standards communautaires et donc d’être mieux préparé à l’entrée dans l’Union européenne (UE) que le président Volodymyr Zelensky réclame depuis le début de la guerre.

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