Aggravation de la pauvreté en milieu urbain
La pilule est amère et le constat particulièrement accablant. Le rapport d’évaluation de la pauvreté à Madagascar, publié en février 2024 par la Banque mondiale, révèle que la pauvreté nationale a stagné tandis que la pauvreté urbaine a augmenté de manière alarmante.
La pauvreté urbaine a augmenté de 31,5% au cours de la décennie, en partie due à la diminution des opportunités économiques, à la détérioration de l’environnement des affaires et au manque d’investissement dans l’éducation, la santé et l’infrastructure urbaine. Cette augmentation a été particulièrement spectaculaire dans les villes secondaires, où la pauvreté est passée de 46% à 61%. Par ailleurs, les conditions de vie en milieu urbain se sont détériorées en une décennie.
La pandémie de Covid-19 et une série de cyclones ont exacerbé la pauvreté urbaine, entraînant des pertes d’emploi et des baisses de revenus parmi les ménages urbains. La migration lente mais continue des zones rurales vers les zones urbaines en raison de la grande pauvreté, de la fécondité élevée et de la vulnérabilité aux chocs a aggravé le problème.
En 2022, 75,2% de la population était considérée comme pauvre. Le taux de pauvreté en zone rurale reste le plus élevé (79,9% ) contre 80,6% en 2012. En zone urbaine, ce taux est passé de 55,5% contre 42,2% en 2012.
« Le taux de pauvreté est le plus élevé dans le Sud et le Sud-est, mais le plus grand nombre de pauvres est dans le Sud profond et le centre », rapporte la Banque mondiale. La plupart des gens ont un emploi précaire et dépendent davantage de l’emploi familial. Les entreprises non-agricoles ont perdu en productivité et en capacité à créer des emplois.
La pauvreté à Madagascar est à la fois monétaire et multidimensionnelle, avec des privations multiples telles que le travail agricole peu productif, la faible accumulation de capital humain et des chocs climatiques répétés qui affectent les prix et les marchés du travail. Des obstacles structurels persistent, tels que la faible productivité agricole, le manque de services de base et la vulnérabilité aux chocs externes.
Pour briser le cercle vicieux de la croissance faible et de la pauvreté élevée, il est essentiel d’investir dans le développement rural, d’améliorer les infrastructures, d’augmenter le capital humain, d’améliorer la gouvernance dans les secteurs de l’éducation et de la santé, de renforcer la résilience aux chocs et de mettre en place des filets de sécurité sociale de base, suggère la Banque mondiale.
(source: Mandimbisoa R. – madagascar-tribune.com)
