Yahadout HaTorah « ne votera pas avec la coalition » tant qu’il n’aura pas reçu une version révisée du projet de loi exemptant les étudiants en yeshiva du service militaire
Le député de Shas Aryeh Deri (à droite) avec Moshe Gafni, numéro deux de Yahadout HaTorah, à la Knesset, le 10 février 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
La coalition a retiré lundi toutes les lois de l’ordre du jour de la Knesset après que les partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah ont annoncé qu’ils boycotteraient la séance plénière de la journée pour protester contre l’absence d’un projet de loi exemptant les étudiants en yeshiva du service militaire.
« Compte tenu du fait que le projet de loi sur la conscription n’a pas été présenté à ce jour, contrairement aux engagements pris […] il ne votera pas avec la coalition tant que le projet de loi n’aura pas été présenté », a déclaré le parti Yahadout HaTorah dans un communiqué.
À la suite de cette décision, le Likud, le parti au pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a envoyé un message à tous les députés du parti leur indiquant qu’ils étaient « libérés pour aujourd’hui » et leur promettant une mise à jour concernant « le reste de la semaine ».
Le député Yuli Edelstein (Likud), président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, devait présenter lundi aux parlementaires une version édulcorée du projet de loi de compromis réglementant la conscription des haredim étudiant en yeshiva.
Le projet de loi devait initialement être prêt à la mi-juin, mais il a été retardé par l’Opération « Rising Lion » en Iran. Cependant, malgré la fin de la guerre le 24 juin, Edelstein n’a toujours pas présenté le projet de compromis complet aux élus ultra-orthodoxes, qui espèrent le faire adopter avant la fin de la session législative estivale, fin juillet.
Selon certains médias, les partis Shas et Yahadout HaTorah ont insisté pour obtenir une copie de la version édulcorée du projet de loi d’Edelstein avant le départ de Netanyahu pour les États-Unis, une exigence qui a retardé de plusieurs heures le départ du Premier ministre dimanche. Edelstein a finalement discuté avec l’ancien député du parti Shas, Ariel Attias dimanche, mais ce qu’il lui a présenté n’a pas satisfait les factions haredim.
Le député Yuli Edelstein (Likud) présidant une réunion de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le 1ᵉʳ juillet 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Interrogé au sujet de cette réunion, un haut responsable de Yahadout HaTorah a déclaré lundi au Times of Israel qu’Edelstein avait présenté à Attias des « absurdités » et que le parti attendait toujours de voir quelque chose de sérieux.
Une autre source du parti Yahadout HaTorah a affirmé qu’Edelstein avait présenté des principes généraux, mais qu’il ne leur avait pas encore montré le texte détaillé du projet de loi.
Selon les médias ultra-orthodoxes, le chef du Shas, Aryeh Deri, aurait déclaré lundi aux membres de son parti à la Knesset qu’Edelstein cherchait à modifier certains éléments du compromis conclu il y a quelques semaines avec les factions ultra-orthodoxes.
« Edelstein se moque de nous », ont déclaré des sources haredim à la radio Kan.
« Non seulement nous ne voterons pas sur les projets de loi, mais nous ne participerons même pas à la séance plénière. Ils ont tenté de nous séduire en promouvant une loi sur les tribunaux rabbiniques, mais nous avons refusé. »
Lundi, l’ordre du jour de la Knesset comprenait un projet de loi soutenu par les ultra-orthodoxes visant à étendre l’autorité des tribunaux rabbiniques pour arbitrer les litiges civils. Les députés devaient également approuver la nomination du député Yisrael Eichler (Yahadout HaTorah).
Tensions croissantes
La décision conjointe des partis Shas et Yahadout HaTorah de ne pas voter avec la coalition marque un retour aux tensions intestines qui régnaient avant la guerre entre Israël et la République islamique le mois dernier, lorsque les partis haredim avaient menacé de renverser le gouvernement en raison des retards pris dans l’adoption de la loi controversée.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir, s’adressant aux membres de la brigade ultra-orthodoxe « Les Hasmonéens », à la base d’entraînement de la brigade, le 6 juillet 2025. (Crédit : Armée israélienne)
Alors qu’Edelstein s’était depuis longtemps engagé à ne laisser passer devant sa commission que les lois prévoyant des sanctions contre les hommes ultra-orthodoxes qui refusent de s’enrôler, il semble avoir revu certaines de ses exigences le mois dernier, dans le cadre d’une ultime tentative pour empêcher les haredim de voter en faveur d’un projet de loi de dissolution de la Knesset.
Après être parvenus à un accord de principe sur les conditions de compromis proposées par Edelstein pour éviter cette crise, les partis haredi ont annoncé le 12 juin « qu’un accord avait été trouvé sur les principes de la loi préservant le statut des étudiants en yeshiva », ajoutant « que quelques jours » étaient encore nécessaires pour « finaliser la version définitive » du texte de loi.
Le lendemain, cependant, Israël a lancé une série de frappes aériennes contre le programme nucléaire iranien, déclenchant une guerre de douze jours et reportant toute discussion sur ce projet de loi à la Knesset. Edelstein et Deri, avaient tous deux été informés à l’avance du lancement de l’Opération « Rising Lion » en Iran, ce qui semble avoir contribué à leur volonté de compromis.
« Une coalition dysfonctionnelle »
Après le retrait de tous les projets de loi de l’ordre du jour de la séance plénière, lundi, par la coalition, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a appelé à des élections législatives anticipées, estimant que le gouvernement était dysfonctionnel et manquait de soutien populaire.
« La coalition a cessé de fonctionner. Elle ne dispose pas d’une majorité parmi la population. Elle ne dispose pas non plus d’une majorité à la Knesset », a-t-il déclaré.
S’adressant aux députés avant la réunion hebdomadaire de son parti Yesh Atid à la Knesset plus tôt lundi, Lapid a critiqué Netanyahu pour ses efforts visant à faire adopter une « loi d’évasion » exemptant les haredim du service militaire.
« Avant de monter dans l’avion, Netanyahu ne s’inquiétait que d’une chose : garantir aux haredim une nouvelle loi d’évasion scandaleuse et déshonorante. Une loi conçue uniquement pour assurer la survie de la coalition quelques semaines ou quelques mois de plus », a noté Lapid.