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Vatican: les priorités géopolitiques du Saint-Siège en 2022
La pandémie de Covid-19, le Liban, les conflits oubliés, la question migratoire, la préservation de la maison commune ou les éléments pour construire une culture du dialogue et de la fraternité : ce sont les principaux thèmes abordés par le Pape François lors de la présentation de ses vœux au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège ce lundi matin. Dans ce long discours, le Saint-Père souligne ses priorités au niveau international pour 2022, plaidant en faveur du multilatéralisme.
C’est une tradition qui montre bien l’attention que le Saint-Siège porte aux questions diplomatiques depuis des siècles, et l’attention que la communauté internationale porte au rôle du Saint-Siège parmi elle. C’est aussi un des discours les plus attendus de l’année du Saint-Père, celui au corps diplomatique, qui réunit 183 ambassadeurs. Depuis la salle des Bénédictions de la basilique Saint-Pierre, le Pape François a rappelé en préambule que le but de la diplomatie était d’«aider à mettre de côté les désaccords dans la cohabitation humaine», avant d’aborder les grands problèmes du moment.
Favoriser la vaccination contre la Covid-19
Première préoccupation : la pandémie de Covid-19 qui continue de sévir dans le monde et qui a emporté fin 2021 Mgr Giordano, nonce apostolique «bien connu et estimé dans la communauté diplomatique», comme l’a évoqué François. Le Pape a rappelé que «là où une campagne de vaccination efficace a eu lieu, le risque d’une évolution grave de la maladie a diminué». D’où l’importance de «poursuivre l’effort pour immuniser autant que possible la population».
Il s’agit autant d’une responsabilité personnelle que collective, basée sur «le respect de la santé de qui nous est proche. Le soin de la santé est une obligation morale» a insisté le Saint-Père qui regrette «les informations infondées» ou «des faits mal documentés». Certes, «les vaccins ne sont pas des outils magiques de guérison», mais ils sont «la solution la plus raisonnable pour la prévention de la maladie». Quant aux autorités, le Pape regrette «le manque de fermeté dans les décisions» et «de clarté dans la communication» qui sont sources de «confusion» et de «méfiance» et qui sapent «la cohésion sociale en alimentant de nouvelles tensions».
François réitère son invitation aux États et aux organismes internationaux pour qu’ils adoptent «une politique de partage désintéressée comme principe-clé pour garantir à tous l’accès aux outils de diagnostic, aux vaccins et aux médicaments». De même, il souhaite que «les règles monopolistiques ne constituent pas de nouveaux obstacles à la production et à un accès organisé et cohérent aux soins au niveau mondial».
Le Liban au centre des préoccupations du Pape
Premier pays évoqué par François : le Liban, à qui il renouvelle sa proximité et sa prière et à qui il souhaite que «les réformes nécessaires et le soutien de la communauté internationale» l’aident à rester ferme dans son identité de modèle de coexistence pacifique et de fraternité entre les différentes religions qui y sont présentes.
Revenant sur ses voyages de 2021 en Irak, à Budapest, en Slovaquie, à Chypre et en Grèce, le Pape a de nouveau abordé longuement la question migratoire qu’il a touchée du doigt à Lesbos. «Devant ces visages, nous ne pouvons pas rester indifférents et nous ne pouvons pas nous retrancher derrière des murs et des fils barbelés sous prétexte de défendre la sécurité ou un mode de vie».
François a bien conscience des difficultés rencontrés par certains États face à des «flux humains considérables» mais, souligne-t-il, «il y a une nette différence entre accueillir, même de façon limitée, et repousser totalement». Il faut aussi, estime-t-il, «vaincre l’indifférence et rejeter la pensée selon laquelle les migrants seraient le problème des autres». Une façon de voir les choses qui pousse à «la déshumanisation même des migrants» qui deviennent des «proies faciles de la criminalité et des trafiquants d’êtres humains», et qui «sont souvent transformés en arme de chantage politique».
Dans ce contexte, François exhorte tout particulièrement l’Union européenne à trouver sa cohésion interne dans la gestion des migrations, et à mettre en place «un système cohérent et complet de gestion des politiques d’immigration et d’asile, afin de partager les responsabilités en matière d’accueil des migrants». Le Pape n’oublie pas cependant les autres points sensibles comme la frontière entre le Mexique et les États-Unis où se retrouvent de nombreux Haïtiens.
Critique à la cancel culture
Si les grands défis de notre époque sont mondiaux, les solutions sont de plus en plus «fragmentées» constate le Saint-Père. C’est pourquoi «il convient de retrouver le sens de notre identité commune en tant qu’unique famille humaine» et de retrouver le chemin du multilatéralisme, malgré la crise qu’il traverse. En cause, le dévoiement dont les organismes internationaux sont victimes.