coopération militaire
Coopération militaire : Des centaines de soldats étrangers stationnés au pays jusqu’au 25 avril

La manœuvre militaire conjointe « Tulipe 2025 » est une démonstration stratégique sous l’égide de la France dans un contexte diplomatique sensible.
Mahajanga accueille, du 20 au 25 avril 2025, la manœuvre militaire conjointe « Tulipe 2025 », réunissant près de 1 500 soldats issus de cinq pays de la région : Madagascar, Seychelles, France, Comores et Maurice. Dans cette ville, la présence des soldats français est déjà effective depuis quelques jours. Organisé dans plusieurs localités de la province de Mahajanga, notamment Antsanitia, Ankilahila, Ambalakida, Mahajanga ville, Katsepy, Bekipay, Soalala et Andranomavo, cet exercice militaire d’envergure s’inscrit dans une logique de coopération régionale en matière de défense, mais résonne aussi avec une actualité politique et diplomatique chargée.
Pour la partie malgache, l’exercice représente une opportunité de renforcer les capacités de ses forces terrestres, navales et aériennes. « Il s’agit d’une occasion pour que nos soldats puissent renforcer leurs compétences et leurs capacités opérationnelles », explique le général Rakotoarisoa, coordonnateur de l’exercice auprès de l’Etat-major de l’armée malgache. À travers des scénarios opérationnels réalistes, les forces armées malgaches s’exercent, dans le cadre de « Tulipe 2025 », à la coordination interarmées, à la gestion de crise et à l’intervention en zone côtière et rurale, en collaboration avec leurs homologues des îles voisines.
Déploiement temporaire
Au-delà de l’aspect strictement militaire, l’exercice « Tulipe 2025 » traduit une volonté régionale de renforcer l’interopérabilité entre les armées des pays membres de la Commission de l’océan Indien (COI). La première manœuvre du même nom a eu lieu en 1999 à Madagascar. La participation de la France, à travers les Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI), illustre l’importance stratégique que Paris accorde à cette zone géopolitique, à la croisée des routes maritimes internationales.
Les forces françaises sont déjà déployées. Le capitaine Thibaut Semen, officier français auprès de la FAZSOI, souligne le caractère temporaire et autonome du déploiement français : « Nous logeons ici de façon temporaire. Nous sommes autonomes en termes d’alimentation avec nos rations de combat et nous avons une capacité d’hygiène corporelle en autonomie. » Les soldats français, basés dans le gymnase sportif de Mahajanga, disposent, en effet, de leur propre logistique, réduisant ainsi leur empreinte sur les infrastructures locales.
Tensions géopolitiques
La tenue de « Tulipe 2025 » à Madagascar coïncide avec deux événements diplomatiques majeurs dans le pays. Notamment la visite d’État d’Emmanuel Macron à Madagascar, prévue pour le 23 avril, et la tenue du Vème sommet des chefs d’État et de gouvernement de la COI, le 24 avril, à Antananarivo. Ce chevauchement soulève des interrogations. Faut-il y voir un simple hasard du calendrier ou une mise en scène diplomatique subtile ?
Dans un contexte régional marqué par des enjeux sécuritaires croissants – piraterie maritime, trafics en tout genre, tensions géopolitiques dans l’Indo-Pacifique – la présence simultanée de troupes étrangères et de dirigeants politiques dans l’Île traduit une convergence entre sécurité régionale et diplomatie de haut niveau. Pour Madagascar, cet exercice militaire et les événements diplomatiques qui l’accompagnent peuvent être perçus comme une forme de repositionnement stratégique. La Grande Île semble vouloir renforcer sa stature régionale, en jouant un rôle plus actif dans la sécurité de l’océan Indien. L’accueil du sommet de la COI et d’un président français en visite d’État vient asseoir cette ambition. Reste à savoir si cette dynamique s’accompagnera d’un investissement structurel dans les capacités militaires locales et d’un renforcement durable de la coopération régionale. En attendant, Mahajanga devient, pour plus d’une semaine, le théâtre d’une démonstration militaire aussi symbolique que stratégique.
(source: Rija R. – Midi M/kara)
En Afrique de l’Ouest, les Etats-Unis accélèrent leur retrait du Niger et se rapprochent de la Côte d’Ivoire
Lors d’une conférence de presse à Abidjan, le major général Kenneth P. Ekman a évoqué les contours du futur « partenariat renforcé » avec la Côte d’Ivoire, désignée comme le « leader régional en matière de sécurité ».

Le nouveau visage de la présence militaire américaine en Afrique de l’Ouest commence à se dessiner. Le major général Kenneth P. Ekman, coordinateur du ministère de la défense pour l’Afrique de l’Ouest et directeur de la stratégie, du partenariat et des programmes au sein du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), a tenu une conférence de presse à l’ambassade américaine d’Abidjan, mercredi 24 juillet, pour faire le point sur le retrait du Niger et expliquer les contours du futur « partenariat renforcé » avec la Côte d’Ivoire. Des négociations sur les modalités de ce dernier sont en cours entre les autorités politiques et militaires des deux pays.
Le retrait américain du Niger pourrait être terminé « début août, bien avant la date limite », a annoncé Kenneth P. Ekman. Selon l’accord passé entre Washington et Niamey, toutes les troupes américaines devraient avoir quitté le pays avant le 15 septembre. Le 7 juillet, celles de la base de Niamey avaient déjà quitté le territoire, précédant les soldats de la base aérienne 201 d’Agadez, où étaient installés quelque 200 éléments, des moyens de surveillance aérienne et des drones de combat MQ-9 Reaper.
Si l’officier américain s’est dit satisfait que ce départ « se déroule bien, en avance sur le calendrier, et ce grâce à l’excellente coordination que nous avons eue avec nos homologues militaires nigériens, soutenus par les autorités nationales du Niger », il a en revanche considéré que ses conséquences sont « très préoccupantes » pour la sécurité régionale. Il a, à ce titre, indiqué s’être rendu à Abidjan cette semaine pour rencontrer les responsables militaires et politiques du pays, avec lesquels il a « partagé les mêmes préoccupations concernant la menace extrémiste violente qui se développe au Sahel et menace de plus en plus les pays situés autour du Sahel ». « La Côte d’Ivoire fait partie de ces pays », a-t-il ajouté.
Une « coopération militaire croissante »
Le retrait militaire du Niger a assurément fragilisé la position des Etats-Unis en Afrique de l’Ouest. « L’accès [au Sahel] est devenu plus difficile, a reconnu l’officier, et nos partenariats sont moins nombreux. » Aussi l’Africom s’est-il tourné vers la Côte d’Ivoire, avec laquelle les Etats-Unis entretiennent une « coopération militaire croissante ». « La formation et l’équipement ont été considérablement renforcés pour répondre aux besoins des forces ivoiriennes », a salué Kenneth P. Ekman, qui a désigné la Côte d’Ivoire comme le « leader régional en matière de sécurité ».