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Algérie: les propos d’Emmanuel Macron suscitent toujours la colère

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Le chercheur Luis Martinez, spécialiste de l’Afrique du Nord, attend « des propos publics des autorités françaises » après ceux, polémiques, du président.

Emmanuel Macron, ici à Alger en décembre 2017, s’est mis à dos les autorités algérienne en raison de propos tenus il y a quelques jours à l’Elysée

DIPLOMATIE – Ce sont des propos rapportés et pas démentis par la présidence française qui suscitent la colère d’Alger depuis maintenant une semaine. Le Monde du 2 octobre raconte une rencontre entre le président Macron et des jeunes issus de toutes les mémoires de la guerre d’Algérie, petits-enfants de combattants du FLN, des harkis, d’immigrés algériens, de militaires ou de pieds-noirs afin de travailler sur “la réconciliation entre les peuples français et algérien” comme le préconisait le rapport Stora.

Au cours de cette rencontre, Emmanuel Macron a tenu des propos qui ont choqué en Algérie. Le président critique ouvertement un “système politico-militaire” algérien “fatigué” et parle d’un pays qui se serait “construit sur la rente mémorielle” et “la haine de la France”. Enfin, il interroge: “Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?”, avant de se dire “fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée”, avant la colonisation française.

“Propos irresponsables”

C’en est trop pour Alger qui dénonce des “propos irresponsables” pour la présidence et “la faillite mémorielle française” par la voix de son ministre des Affaires étrangères. L’Algérie rappelle son ambassadeur à Paris et interdit aux avions militaires français de survoler son territoire. Mardi 5 octobre, sur France inter, Emmanuel Macron souhaite un “apaisement, parce que je pense que c’est mieux de se parler, d’avancer”, dit-il, sans que cela ne contribue à faire redescendre la pression. “J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune”, ajoute-t-il, tout en prévoyant d’autres “tensions” à venir, notamment sur la question des visas.

Comment en est-on arrivé là? Pourquoi de telles tensions? En quoi ces propos sont-ils inédits et pourquoi la colère ne retombe pas en Algérie? Pour nous répondre, Luis Martinez, directeur de recherche à Sciences Po, spécialiste de l’Afrique du nord et auteur de L’Afrique du Nord après les révoltes arabes (Presses de Sciences Po, 2019).

Les tensions avec Alger ne retombent pas après les propos rapportés d’Emmanuel Macron. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi?

Côté algérien, il y a une indignation qui n’est pas feinte. Là où en général c’est très instrumentalisé, les partis et journaux d’État surfent sur une vague d’indignation un peu artificielle, là, c’est sincère. Le président de la République avait une très bonne image, lui qui a parlé de “crimes contre l’humanité” à propos de la colonisation en 2017 et qui avait l’ambition de restaurer une relation apaisée avec l’Algérie, ces propos viennent semer le trouble.

DIPLOMATIE – Ce sont des propos rapportés et pas démentis par la présidence française qui suscitent la colère d’Alger depuis maintenant une semaine. Le Monde du 2 octobre raconte une rencontre entre le président Macron et des jeunes issus de toutes les mémoires de la guerre d’Algérie, petits-enfants de combattants du FLN, des harkis, d’immigrés algériens, de militaires ou de pieds-noirs afin de travailler sur “la réconciliation entre les peuples français et algérien” comme le préconisait le rapport Stora.

Au cours de cette rencontre, Emmanuel Macron a tenu des propos qui ont choqué en Algérie. Le président critique ouvertement un “système politico-militaire” algérien “fatigué” et parle d’un pays qui se serait “construit sur la rente mémorielle” et “la haine de la France”. Enfin, il interroge: “Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?”, avant de se dire “fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée”, avant la colonisation française.

“Propos irresponsables”

C’en est trop pour Alger qui dénonce des “propos irresponsables” pour la présidence et “la faillite mémorielle française” par la voix de son ministre des Affaires étrangères. L’Algérie rappelle son ambassadeur à Paris et interdit aux avions militaires français de survoler son territoire. Mardi 5 octobre, sur France inter, Emmanuel Macron souhaite un “apaisement, parce que je pense que c’est mieux de se parler, d’avancer”, dit-il, sans que cela ne contribue à faire redescendre la pression. “J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune”, ajoute-t-il, tout en prévoyant d’autres “tensions” à venir, notamment sur la question des visas.

Comment en est-on arrivé là? Pourquoi de telles tensions? En quoi ces propos sont-ils inédits et pourquoi la colère ne retombe pas en Algérie? Pour nous répondre, Luis Martinez, directeur de recherche à Sciences Po, spécialiste de l’Afrique du nord et auteur de L’Afrique du Nord après les révoltes arabes (Presses de Sciences Po, 2019).

Les tensions avec Alger ne retombent pas après les propos rapportés d’Emmanuel Macron. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi?

Côté algérien, il y a une indignation qui n’est pas feinte. Là où en général c’est très instrumentalisé, les partis et journaux d’État surfent sur une vague d’indignation un peu artificielle, là, c’est sincère. Le président de la République avait une très bonne image, lui qui a parlé de “crimes contre l’humanité” à propos de la colonisation en 2017 et qui avait l’ambition de restaurer une relation apaisée avec l’Algérie, ces propos viennent semer le trouble.

 

« Ces propos viennent semer le trouble. Soit c’est une maladresse, ce qu’on n’arrive pas à croire, soit c’est une ligne politique. »