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En Algérie, des résultats contestés et une abstention record mettent à mal la réélection d’Abdelmadjid Tebboune

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Les trois candidats, dont le président réélu, ont accusé l’Autorité nationale indépendante des élections d’« irrégularités » et de « contradictions ».

Dans un bureau de vote le jour de l’élection présidentielle algérienne, à Alger, le 7 septembre 2024. RAMZI BOUDINA / REUTERS

Deux jours après la présidentielle anticipée du 7 septembre en Algérie, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) est devenue le bouc émissaire de tous les candidats, y compris du vainqueur annoncé, le président sortant, Abdelmadjid Tebboune. Un scrutin marqué par une abstention d’une ampleur inédite et un grand cafouillage sur les chiffres de la participation.

Selon les chiffres proclamés, M. Tebboune a recueilli 94,65 % des suffrages exprimés. Abdelaali Hassani Cherif, du Mouvement de la société pour la paix (MSP), un parti islamiste, a été crédité de 3,17 % des voix et Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes (FFS), de 2,16 %. Mais, contre toute attente, dimanche 8 septembre, avant minuit, les directeurs de campagne des trois candidats ont dénoncé, dans un communiqué commun, « des irrégularités et contradictions dans les résultats annoncés », exprimant leur volonté d’« informer l’opinion publique du flou et des contradictions des chiffres de participation ».

Probablement soucieux de masquer l’ampleur de la désaffection populaire, Mohamed Charfi, le président de l’ANIE, avait pris quelques libertés avec la transparence en annonçant une « moyenne de taux de participation » de 48,03 %, basée sur les taux de participation dans les wilayas (départements) divisés par leur nombre, 58. Le taux de participation est, en réalité, probablement inférieur à 25 %, si l’on rapporte le nombre de suffrages exprimés, 5 630 196, aux 24 351 551 inscrits sur les listes (le nombre de bulletins nuls ou blancs n’ayant pas été donnés).

Enjeu financier

Lundi, les deux candidats défaits sont repartis à la charge en accusant l’ANIE de « fraude manifeste » et en annonçant leur intention de déposer des recours auprès de la Cour constitutionnelle. L’enjeu est financier : en obtenant moins de 5 % des suffrages exprimés, ils ne seront pas remboursés de leurs frais de campagne. Il est aussi politique. Le but de l’ANIE, en réduisant leur score, explique l’analyste Nadjib Belhimer, serait « d’atténuer l’impact de l’abstention, même si cela ne change en rien les résultats ».

L’ampleur de l’abstention, premier enjeu du scrutin, a en effet surpris, y compris dans le camp de M. Tebboune. Ce dernier s’attendait à une participation au moins supérieure à celle de la présidentielle de décembre (…lire la suite)

Election présidentielle en Algérie: la rue conteste le processus et les résultats

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Edition spéciale

La rue a rejeté massivement le scrutin. A 17 heures, le taux de participation était de 33,06%. Nous reviendrons sur ce vote qui défie la rue mais également sur le rôle de l’armée depuis l’indépendance du pays en 1962.

Analyses et commentaires avec les invités : le journaliste Mohamed Sifaoui et le sociologue El Yamine Soum.

Conspué par la rue, le nouveau président Tebboune « tend la main » aux contestataires

Abdelmadjid Tebboune, ancien Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika, a été élu président de l’Algérie dès le premier tour du scrutin, marqué par une très forte abstention. Une élection loin d’apaiser le mouvement du « Hirak », qui a manifesté en masse vendredi.