extrême-droite Europe
La montée de l’extrême droite en Suède et en Italie s’inscrit « dans une continuité »
Dans plusieurs pays européens, l’extrême droite est aux portes du pouvoir. Résultat d’une dynamique qui a débuté dès les années 1980, expliquent au « HuffPost » deux spécialistes en science politique.

POLITIQUE – « Partout en Europe, les peuples aspirent à reprendre leur destin en main ! » Le lundi 12 septembre, Marine Le Pen a félicité sur Twitter le score historique réalisé par le parti d’extrême droite Démocrates de Suède (SD, pour Sverigedemokraterna) mené par Jimmy Akesson. Avec plus de 20 % des voix, il devient le deuxième parti du pays devant les conservateurs des « Modérés » dont le chef Ulf Kristersson va devenir Premier ministre ce jeudi.
Le message de la leader du Rassemblement national n’est pas anodin. Il fait aussi implicitement référence aux élections générales italiennes du 25 septembre pour lesquelles le parti post-fasciste Fratelli D’Italia (Frères d’Italie) est favori. Cela signifie que l’ancienne militante du parti mussolinien Mouvement social italien Giorgia Meloni devrait devenir la prochaine présidente du Conseil – c’est-à-dire cheffe du gouvernement.
Depuis quelques années, le vent de l’extrême droite souffle de plus en plus fort sur l’Europe occidentale. Anti-immigration, anti-LGBT, accent sur la sécurité, anti-UE… Tous les partis qui se revendiquent de ce courant défendent les idées nationalistes et brandissent la théorie du « grand remplacement » comme la plus grande menace des peuples. Ces idées gagnent du terrain : en France, le Rassemblement national est passé de 8 à 89 députés à l’Assemblée après les législatives de juin.
Des partis néonazis et post-fascistes
La progression des Démocrates de Suède impressionne aussi : de 5,7 % des voix en 2010, le parti aux inspirations néonazies a recueilli 12,86 % des voix en 2014, 17,5 % en 2018 et 20,5 % en 2022. Même dynamique en Italie. De 2 % des voix en 2013, Fratelli d’Italia a convaincu 4,4 % des électeurs en 2018 et est crédité de 25 % des suffrages pour les législatives de fin septembre.
Cette montée de l’extrême droite, qui touche en réalité toute l’Europe, s’inscrit « dans une continuité » et fait partie « d’une dynamique européenne, voire mondiale qui a débuté depuis les années 1980 », explique au HuffPost Anaïs Voy-Gillis, docteure en géographie et spécialiste des nationalismes en Europe.
Elle liste trois crises récentes qui ont contribué à ce phénomène : la crise économique de 2008 qui a « renforcé le sentiment anti-européen », la crise des réfugiés de 2015 « venue matérialiser les discours des partis nationalistes-identitaires sur ’l’invasion migratoire’ et la mise en danger des identités nationales et européennes », enfin la crise de la représentativité et le rejet des élites.
La dédiabolisation au cœur de la stratégie de l’extrême droite
Stéphane François, professeur de science politique à l’université de Mons également interrogé par le HuffPost, partage cette analyse. « On peut dater le point de bascule à la crise des années 1980 qui résulte du choc pétrolier de 1973. C’est au moment du tournant de la rigueur [décidé en 1983 par François Mitterrand, NDLR] », précise le spécialiste des droites radicales. Lire la suite »