Guyane
Guyane: Quelle est cette « Montagne d’or » qui fait polémique ?
La Guyane débat en ce moment d’un sujet controversé : la « Montagne d’or ». Le projet, décrié par les associations environnementales, prévoit l’exploitation à ciel ouvert d’une mine d’une superficie de 8 km2, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, dans la forêt tropicale, en utilisant un procédé de récupération de l’or par cyanuration. Selon ses promoteurs, il permettrait de créer 750 emplois directs et 3 000 emplois indirects, dans une région qui peine à lutter contre le chômage. Selon ses opposants, l’installation serait une catastrophe écologique. D’après un sondage réalisé en juin par IFOP pour l’organisation WWF, plus des deux tiers de la population guyanaise seraient aujourd’hui opposés au projet.
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« Pou la Gwiyann dékolé » : le gouvernement français cède et « acte » les 2,1 milliards d’euros supplémentaires
Le plan d’urgence d’un peu plus d’un milliard d’euros validé par le gouvernement initialement n’était pas suffisant pour le collectif qui pilote depuis plus d’un mois le mouvement social en Guyane (population estimée à 275.000 personnes).
« Ce n’était pas gagné. On a réussi à ce que le protocole de l’accord paraisse [prochainement] au journal officiel et maintenant on pourra travailler avec ce document et aller en justice si on n’est pas satisfaits« , s’est félicité devant la presse, Davy Rimane, porte-parole du collectif.
Dans un communiqué, la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a salué la signature de l’accord, évoquant « une journée déterminante pour l’avenir de la Guyane« . « En actant la demande de mesures supplémentaires du collectif et des élus à hauteur de 2,1 milliards« , l’Etat s’engage « à ce qu’elles fassent l’objet d’un examen prioritaire pour mettre en oeuvre un plan additionnel« , explique-t-elle.
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Géopolitique de la Guyane
Toujours en quête d’une plus grande affirmation politique et identitaire et d’un développement permettant d’assurer un débouché aux dizaines de milliers de jeunes sous-employés (la Guyane est la région la plus jeune de France, et l’une des plus touchées par le chômage) et une meilleure insertion régionale, les Guyanais sont tiraillés entre leurs multiples appartenances et contradictions : caraïbes culturellement et historiquement mais pas seulement, amazoniens sûrement, français et européens avec ce que cela comporte d’avantages sociaux et financiers pour une population le plus souvent attachée à son appartenance française, mais aussi d’inconvénients liés à une trop forte dépendance politique et économique, le tout allié à un désir de rapprochement avec des pays voisins dont on souhaite malgré tout se prémunir contre des flux migratoires ou illicites trop importants… La Guyane peut jouer un rôle d’interface entre un monde caraïbe et sud-américain en pleine émergence et une Union européenne qui reste en dépit de ses difficultés le premier pôle économique mondial, mais sa faiblesse démographique et économique continue de la rendre très vulnérable, quand elle n’est pas carrément ignorée…

Alors, peut-on lui prédire, ou lui souhaiter, un avenir plus intégré à sa région géographique, plus sud-américain ? Concernant son intégration régionale et ses enjeux, le président français Nicolas Sarkozy déclarait, en janvier 2011, lors des vœux à l’Outre-mer prononcés en Guadeloupe : « Qui peut penser que la Guyane peut se développer sans accrocher son wagon au puissant train brésilien [25] ? » L’État prônait ainsi une vocation sud-américaine désormais assumée pour la Guyane, un développement futur dans un cadre sud-américain et non plus seulement européen. Mais ne reconnaissait-il pas implicitement, en lui attribuant le rôle de « wagon » tiré par un « train brésilien », qu’elle était amenée à subir une autre domination, issue cette fois non plus d’un passé colonial mais d’un environnement géographique que les Guyanais considèrent toujours menaçant par la pression qu’il continue d’exercer sur leur petit territoire ?
La Guyane est à la croisée des chemins, mais dans un monde de plus en plus globalisé, la diversité de sa population et de ses appartenances et sa potentielle position d’interface constituent des atouts à saisir pour un territoire si longtemps ignoré et isolé. Le tout nouveau pont sur l’Oyapock en sera peut-être l’illustration.
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La Guyane, collectivité française et européenne d’outre-mer entre plusieurs mondes