Iles malagasy

Arlette Ramaroson – FPRM: candidate à l’élection présidentielle

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Juge à Madagascar durant 25 ans et juge international durant 15 ans, Arlette Ramaroson est candidate à la prochaine élection présidentielle au nom du Front patriotique pour la reconstruction de Madagascar (FPRM). Un de ses alliés, en l’occurrence le Cercle de réflexion pour l’avenir de Madagascar (CRAM), présidé par Marie René Joël Harison, a décidé de lui retirer son soutien. Il tient des propos assez durs à l’endroit de la candidate (cf. notre édition de vendredi). Dans une interview exclusive, celle-ci met les points sur les « i ».

La Vérité (+) : Quelle était votre réaction à la lecture de l’article paru dans le journal qui a rapporté la dissidence entre le FPRM et le CRAM ?

Arlette Ramaroson (=) : Mes amis magistrats, les connaissances et les proches m’ont appelée. Ils m’ont exhortée à me défendre car c’est de la diffamation pure et simple. J’y ai prêté attention même si j’ai prévu de ne rien faire. Ses allégations sont de trop. Rien de ses propos n’est fondé. La nouvelle a attristé mon enfant à l’étranger. Elle m’a demandée de la démentir.

+ : Qu’en est-il effectivement de votre vision politique ?

= : Elle est axée sur la refondation et la reconstruction de Madagascar. Il (ndlr : président du CRAM) a dit que nous l’avons copiée sur la sienne. Je lui ai déjà dit à maintes reprises que nous ôterions de la nôtre ce qui lui appartient.

+ : Voulez-vous alors expliciter les origines de la discorde entre le FPRM et le CRAM ?

= : Nous avons fait chemin ensemble depuis quelque temps. Mais on a constaté un changement dans son attitude. Il aurait peut-être trouvé quelque chose d’autre ailleurs. Puis, il a commencé à se tenir à l’écart petit à petit. Pourtant, nous avons tout envisagé en vue de la propagande. Le FPRM s’en tiendra pour toujours à son programme. C’est de refonder le pays, de reconstruire un nouveau Madagascar et de bien tracer la voie à suivre pour y parvenir. Ma profonde conviction est que je faisais partie de ceux ayant œuvré pour la restauration de l’Etat de droit au Rwanda. J’y tiens beaucoup de telle sorte que j’ai décidé de faire autant pour notre pays. C’est facile d’y arriver. Notre pays a d’énormes richesses contrairement au Rwanda. Le plan consiste à contrôler les ressources et à mettre en œuvre la politique d’austérité. Les richesses appartiennent au peuple, selon la loi internationale. Il reste souverain. Il décide avec l’Etat qui doit s’abstenir de décider de leur exploitation au profit des gouvernants. Nous avons convenu de restituer aux gens ce dont ils ont été spoliés. Chaque région doit profiter des atouts existant dans l’ensemble de son territoire. J’insiste aussi sur la décentralisation effective. J’ai dit tout cela et non lui.

+ : Quand est-ce que vous avez mis au point cette vision ?

= : L’Association Nosy Malagasy (ANM) en était le point de départ. Je suis rentrée au pays en 2016. Dans le cadre de l’ANM, je suis au courant des lois et résolutions des Nations unies se rapportant aux îles éparses. Je savais que Marie René Joël Harison a travaillé un peu sur le même sujet. Je lui ai alors proposé une collaboration. Tout a bien marché. La réaction des Français s’est aussi améliorée. Je disais avec diplomatie au président Emmanuel Macron que la France « commet un crime contre l’humanité » si elle refuse de nous restituer nos îles. Je me suis levée pour aller faire un discours au sommet des Nations unies à New York en 2016. Mais on m’a empêchée d’y procéder. J’ai renouvelé la démarche en 2017. Les deux présidents se sont déjà parlé entre-temps. Notre président a effectivement dit que ces îles sont bien malagasy. Il a évoqué le mode de cogestion. En réponse, je lui disais qu’il n’est pas le propriétaire de ces îles et moi non plus. Je lui ai proposé de demander l’avis de leur vrai propriétaire : le peuple malagasy. Autrement, lui et moi n’avons aucunement le droit d’y toucher. Puis, le secrétaire d’Etat à la mer m’a informée de l’accord du président et d’un voyage à New York. Mais le président n’a rien dit une fois rentré au pays. Ils auraient préparé quelque chose en catimini. En revanche, nous avons préconisé d’intégrer la commission à mettre en place à ce propos. L’idée de refondation s’est consolidée en prévision de toute éventualité, d’où la vision. Son esprit est de se concerter avec le peuple aux fins de lui restituer le patrimoine de Madagascar. La naissance du FPRM s’y appuie.

+ : Voulez-vous en dire plus ?

= : Notre vision est en cours de révision maintenant. J’ai mené la guerre contre la corruption au Rwanda. Nous y parviendrons chez nous quelles que soient les embûches. Dieu est avec nous. J’aime mon peuple et, avec l’aide Dieu, nous nous en sortirons. Je ne comprends pas pourquoi il nous a accusés d’être à la solde des Indopakistanais et des Chinois qui auraient financé nos activités. Je ne connais aucun Indopakistanais ni Chinois. Par contre, je suis prête à m’investir pour sauver mon pays par tous les moyens. Notre problème n’est pas de déclarer la guerre à notre dénigreur. Nous ne le ferons jamais. En revanche, sa diffamation est constituée. Mais je ne l’attaquerai pas quels que soient ses propos.

+ : Quelle est alors la raison véritable de votre mésentente ?

= : Il persiste à dire que nous avons dévié du droit chemin, ce qui est complètement faux.

+ : Il a bien explicité dans son communiqué des particularismes familiaux…

= : Cela n’a jamais existé. De quoi s’agit-il exactement s’il y en a eu réellement ?

+ : A-t-il été justement éjecté de l’ANM ?

= : Il ment. Vous le verrez bientôt. Je ne peux pas dire du mal de lui. Mais Dieu vous montrera ce qu’il en est effectivement de son intention. Il est déjà parti ailleurs. Il n’y a eu aucun désaccord entre nous. C’est lui qui a décidé de retirer le soutien du CRAM au FPRM. Cela ne nous fait rien. Plusieurs entités forment le Front. Au contraire, nous sommes soulagés de son départ. L’avenir nous dira quels sont ses véritables objectifs. Je demande au peuple malgache d’être courageux et de nous donner la main parce qu’ensemble nous réussirons.

Les principaux organisateurs du Symposium National pour la Restitution des Iles Malagasy (Iles Eparses) – Mr M. R.  Joël Harison du CRAM à l’extrême gauche (Crédit: nosymalagasy).

+ : Les vôtres ne sont-ils vraiment pas la chaise, l’argent et l’honneur dont il a été question dans l’article ?

= : J’ai eu la chaise et l’honneur durant 15 ans. Personne à Madagascar ne connaissait qu’une Malagasy était juge internationale. Les gens connaissaient seulement Raymond Ranjeva et Honoré Rakotomanana. Ce dernier y était durant trois ans. L’article 12 du statut du Tribunal international pour le Rwanda (TIP-R) dit que le juge est une personne de haute moralité, impartialité et intégrité. J’ai été réélue deux fois par le vote de 105 pays de l’Assemblée générale des Nations unies. Mon mandat a été renouvelé trois fois, au total 15 ans. J’étais élue à l’unanimité des juges internationaux vice-présidente du TIP-R. Mais je ne me montrais jamais. On m’a encore proposé un autre poste encore plus honorable. J’ai refusé l’offre. Mes enfants m’ont reprochée à ce propos. C’était de l’argent perdu à leurs yeux. J’ai préféré rentrer chez moi avec la ferme conviction de pouvoir me consacrer à mon pays. Mes compatriotes sont dans la misère. Les diffamations de monsieur Joël Harison et de ceux qui pourraient être avec lui ne m’empêcheront jamais d’avancer pour sauver mon pays. La lutte doit réussir pour moi (ndlr : phrase prononcée avec emphase).

(source: laverite.mg)