Marius Aldegheri
Histoire et Géographie
La géographie commande l’histoire et la politique. Les princes Antehiroka des Vazimba, bien avant le roi Andrianjaka des Andriana/Merina, ont choisi de s’établir sur la colline Analamanga/Antananarivo pour sa situation qui domine et permet de contrôler la plaine en contrebas. À équidistance prudente de l’Ikopa, au Sud et de l’Imamba, au Nord.
Il est difficile de croire que les Vazimba (auraient-ils été des hindous qui vénéraient la vache au point de ne pas en consommer la viande de boeuf, avant que Ralambo n’en lève le tabou) n’aient pas fait de la riziculture dans cette plaine avec laquelle ils avaient rendez-vous. Mais, par un anachronisme classique, dont les vainqueurs ont le secret et les vaincus tous les malheurs, l’histoire fait débuter l’aménagement de la plaine du Betsimitatatra à partir d’Andrianjaka et de ses enfants, vers 1610.
Arrivés au VII ème siècle, ces premiers Austronésiens ont apporté au moins quatre plantes cultivées : le riz, la grande igname, le cocotier et le safran d’Inde. Et, contrairement à la légende d’Andriamanelo inventant le «vy manidina», le-fer-qui-vole, ces Indonésiens de l’Ouest (Bornéo), mélangés à des éléments bantous rencontrés aux Comores, avaient également introduit la métallurgie du fer (in «Histoire de Madagascar», éditions Foi & Justice, 2020, Philippe Beaujard, p.18 et Manassé Esoavelomandroso, p.62).
Les «rois hydrauliciens», qui ont donc fait du Betsimitatatra la plus vaste plaine rizicole de Madagascar avant la colonisation, avaient «compris» le fonctionnement d’une plaine alimentée par l’Imamba et l’Ikopa qui lui apportaient à la fois l’eau et les alluvions. Quatorze siècles après l’introduction de la riziculture (mais d’essartage ou d’irrigation, ce que l’oubli d’une archéologie préventive avant tout aménagement ne nous apprendra plus jamais), la configuration de cette plaine n’a pas changé : la plaine est toujours aussi inondable et les mamelons et éperons constituent invariablement les lieux d’habitation au sec. Quant à la colline d’Analamanga/Antananarivo, elle demeure une île granitique au milieu de ce qui fut jadis une mer de rizières.