papillomavirus
Le vaccin contre le papillomavirus est aussi important pour les garçons, voici pourquoi
La campagne de vaccination contre le papillomavirus débute le 2 octobre dans les collèges, pour les filles mais aussi pour les garçons de 5e.

SANTÉ – Longtemps réservé aux filles, le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) concerne désormais également les garçons. Une extension nécessaire à la fois pour les protéger de certains cancers et pour espérer in fine éliminer ces maladies. Une vaccination généralisée et gratuite des collégiens de 5e débute ce lundi 2 octobre ; les élèves qui le souhaitent et ont le consentement des deux parents recevront une première dose dans les prochaines semaines puis une seconde six mois plus tard, dans leur collège et sur le temps scolaire.
En France, chaque année, les HPV, abréviation anglaise pour « human papillomavirus », sont responsables de plus de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus, de plus de 6 000 nouveaux cas de cancers dont celui du col de l’utérus – qui provoque plus de 1 100 décès par an -, de la vulve ou du vagin, mais aussi de la sphère ORL, de l’anus et du pénis.
Une étude récente publiée dans The Lancet a montré que, à un moment donné, 31% des hommes de plus de 15 ans sont infectés par un virus de type HPV. Plus important, un homme sur cinq (21%) est porteur d’un HPV oncogène, c’est-à-dire potentiellement cause d’un cancer.
Dans le pays, la vaccination anti-HPV est recommandée chez les filles de 11 à 14 ans depuis 2007, et chez les garçons du même âge depuis 2021. Pourtant, Hélène Péré, virologue à l’Hôpital européen Georges Pompidou à Paris, insiste : on ne peut pas éradiquer le HPV sans vacciner les garçons. Elle explique pourquoi au HuffPost.
Pourquoi est-il important que les garçons se fassent également vacciner ?
Docteure Hélène Péré. Les jeunes garçons sont tout aussi concernés car les HPV peuvent entraîner des cancers du canal anal, de l’oropharynx, des amygdales… Et forcément, les garçons aussi ont un oropharynx et un canal anal, donc le vaccin les protège. Aussi, l’objectif avec un vaccin prophylactique et préventif comme celui-là, c’est d’éradiquer le virus comme on a éradiqué la variole. C’est un peu utopiste, mais si on veut atteindre cet objectif-là, il faut vacciner les filles comme les garçons. Car même si ces derniers peuvent ne pas développer de lésions prétumorales, de cancers ou de verrues génitales, ils restent des vecteurs potentiels et peuvent contaminer les femmes. On ne pourra pas en finir avec ce virus si on n’empêche pas les vecteurs potentiels de contaminer.
Pourtant, jusqu’à récemment, on entendait peu parler de prévention autour du papillomavirus chez les hommes…
La France a, au départ, seulement ciblé les jeunes filles car 100 % des cancers du col de l’utérus sont liés à cette infection. Alors, croyant bien faire, les autorités se sont concentrées sur elles. Mais, il faut aussi noter que si seulement 9 % des garçons sont vaccinés contre les HPV à l’heure actuelle, c’est aussi parce que le vaccin leur est remboursé depuis janvier 2021 uniquement. Les Hautes autorités publiques les écartaient elles-mêmes de ce débat. En voyant l’efficacité de la vaccination non genrée dans les autres pays et avec la force de conviction de plusieurs experts, elles ont fini par étendre l’ouverture vaccinale aux garçons, ce qui est une très bonne chose.
La France a-t-elle du retard quant à la vaccination contre le HPV ?
Oui. On est un pays dans lequel il y a un mouvement contestataire assez important contre les vaccins, on l’a vu pendant la crise du Covid. Les vaccins sont décriés en règle générale. Et pour celui contre les HPV, le fait que les filles aient été la cible principale n’a pas aidé.