France: Les mathématiques vont redevenir « obligatoires » au lycée dès la première générale
Depuis 2019, les maths avaient disparu des enseignements de tronc commun à partir de la classe de première. Après deux ans de rebondissements, elles seront à nouveau obligatoires pour tous les élèves dès la rentrée 2023.

Il s’agissait de l’une des mesures les plus controversées de la réforme Blanquer : la suppression de l’enseignement des mathématiques du tronc commun de classe de première. Après deux ans de rebondissements, le ministère de l’éducation nationale a annoncé, dimanche 13 novembre, le retour d’un enseignement « obligatoire » des mathématiques en classe de première de filière générale, dès la rentrée 2023.
« C’est le retour de l’enseignement des mathématiques pour l’ensemble des lycéens », a ainsi affirmé le ministre de l’éducation Pap Ndiaye dans un entretien aux Echos. Il y précise que la mesure s’appliquera bien à « tous les élèves qui ne prennent pas la spécialité mathématiques » et que ces derniers « auront donc une heure et demie de cours en plus par semaine ».
Il souligne que le ministère compte par ailleurs « associer à cette heure et demie supplémentaire en première, un module de réconciliation en seconde, d’une heure à une heure et demie par semaine, pour ceux qui sont en grande difficulté », dont les contours restent encore à définir.
Revirements depuis 2019
Communauté éducative, chercheurs, grands patrons et politiques s’étaient inquiétés de la baisse du vivier scientifique comme du renforcement des inégalités sociales et de genre provoqués, depuis la réforme mise en œuvre en 2019, par la disparition des mathématiques du tronc commun obligatoire.
Lors de la campagne présidentielle 2022, le candidat Macron avait promis le retour des mathématiques dans le tronc commun en cas de réélection. Réélu en mai à la présidence de la République, il avait acté début juin la réintroduction de la matière en première dès la rentrée de septembre seulement en option, à raison d’une heure trente par semaine pour les élèves volontaires.
Si le ministère de l’éducation nationale attendait toujours des chiffres définitifs, il estimait à la mi-octobre que « moins de 10 % » des lycéens éligibles ont choisi de suivre cet enseignement cette année, soit une grande minorité d’entre eux.
« Réconcilier tous les élèves » avec la matière
Annoncé en amont d’assises des mathématiques organisées à Paris de lundi à mercredi, le retour des maths obligatoires s’inscrit dans une stratégie pilotée par le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye, nommé au gouvernement en mai dernier pour remplacer M. Blanquer. Cette dernière vise à faire de 2023 « l’année de promotion des mathématiques » avec à la clef deux objectifs « réconcilier tous les élèves » avec cette discipline et « promouvoir l’égalité filles-garçons ».
Cette stratégie décline une batterie de mesures parmi lesquelles la mise en place de groupes à effectifs réduits en mathématiques en classe de 6e ou d’objectifs comme celui de la parité filles-garçons d’ici 2027 dans les spécialités mathématiques, physique-chimie ou mathématiques expertes réputées les plus sélectives.
Bien que la France soit réputée pour sa tradition d’excellence en recherche mathématiques avec 13 lauréats de la médaille Fields – dont la dernière attribuée cette année à Hugo Duminil-Copin, mathématicien français probabiliste de 36 ans – les élèves français font face à des difficultés croissantes dans l’apprentissage de la discipline.
Ainsi un quart des élèves de classe de troisième n’a pas le niveau attendu en mathématiques à l’issue du collège, rappelle le ministère dans son communiqué. « En seconde, ils sont 20 à 25 % à ne pas avoir un niveau satisfaisant », fait savoir le ministre de l’éducation dans son entretien aux Echos.
Il ajoute toutefois que cette baisse du niveau « est globale », et qu’« il ne faut pas simplement rejeter la responsabilité sur le niveau précédent ». « Chaque niveau doit assumer ses missions en la matière, et nous devons agir de manière coordonnée jusqu’à l’enseignement supérieur », poursuit M. Ndiaye.
(source: lemonde.fr avec AFP)