Le Comité international de la Croix-Rouge traverse la plus grave crise de son histoire
L’organisation humanitaire suisse s’apprête à licencier au moins 1 800 personnes, sur fond de dérive budgétaire. La gouvernance de l’institution pose question.

Encore une citadelle de la légendaire stabilité helvétique qui vacille. Après la grande banque Credit Suisse en mars, vendue de force à sa rivale UBS sous la pression du gouvernement de Berne afin d’éviter la faillite, c’est au tour du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de tanguer, laminé par une terrible crise financière.
Instrument essentiel du soft power helvétique, l’organisation est souvent présentée par le gouvernement fédéral comme le prolongement naturel de sa politique de neutralité, elle-même sous les feux de la critique depuis le début de la guerre en Ukraine. La crise qui agite le CICR tombe ainsi à un très mauvais moment pour la diplomatie suisse, qui fournit depuis des décennies les rangs de sa direction générale.
Dans les faits, le CICR, dépositaire des conventions de Genève, a un énorme trou dans ses comptes. Il lui manque 430 millions de francs suisses (441 millions d’euros) pour boucler son budget pour 2023. En dix ans, celui-ci a plus que doublé, passant de 1,18 milliard de francs en 2012 à 2,84 milliards en 2022. Conséquence très immédiate, l’organisation a annoncé devoir couper massivement dans ses effectifs : 1 800 licenciements, sur un total de 22 700 salariés dans le monde entier. La majorité de ces suppressions d’emplois touche les délégations sur le terrain à l’étranger. Vingt-six sites sur 350 devront fermer et des dizaines d’autres devront réduire la voilure alors qu’ils opèrent parfois sur des théâtres d’urgence, comme à Nairobi, la capitale du Kenya, à portée du chaos somalien.
(source: lemonde.fr)