Sur fond de Tisha BeAv, Netanyahu lance un processus d’autodestruction impardonnable

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Tout en appuyant l’idée des pourparlers pour une refonte basée sur le consensus, la coalition s’empresse de faire approuver le projet de loi sur la « raisonnabilité »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu assistant à une cérémonie à la mémoire du leader sioniste Zeev Jabotinsky, au mont Herzl, à Jérusalem, le 18 juillet 2023. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui, dès son retour au pouvoir en décembre, a immédiatement lancé ce processus impardonnable de destruction des freins et contrepoids démocratiques d’Israël en neutralisant la Haute Cour, semble plus déterminé que jamais à le mener à bien.

Lors de sa conversation téléphonique fatidique avec Joe Biden lundi, selon le compte-rendu de son propre bureau, il a dit au président américain que le premier élément du paquet de réformes – interdisant aux tribunaux d’utiliser la notion juridique du « caractère raisonnable » pour examiner les décisions du gouvernement et des ministres – serait approuvé par la Knesset la semaine prochaine.

Tout en assurant qu’il chercherait à obtenir un consensus plus large sur les autres éléments à venir de son paquet de réformes – qui comprend des lois visant à donner à la coalition gouvernementale un contrôle quasi-absolu sur la nomination des juges et à réduire radicalement la capacité de la Haute Cour à protéger les droits fondamentaux des Israéliens contre les abus du gouvernement – il a également déclaré au président que de tels efforts étaient probablement inutiles, puisque, selon lui, l’opposition n’était pas disposée à négocier un compromis et n’était pas en mesure de le faire.

Pour Netanyahu, comme c’est le cas depuis le début de la campagne électorale de l’année dernière – lorsqu’il a tout fait, y compris intégrer des politiciens racistes, homophobes, misogynes et suprémacistes juifs, afin de maximiser ses chances de victoire – l’équation a toujours été simple : s’il ne met pas les tribunaux sur la touche et ne permet pas à ses partenaires de coalition d’adopter des lois que les juges auraient sinon invalidées, il est politiquement fini.

Il s’agissait et il s’agit toujours d’un choix entre la refonte et l’abandon.

Et Netanyahu a suivi avec détermination son chemin dévastateur depuis la première semaine où son gouvernement, rassemblant Likud, extrême-droite et ultra-orthodoxes, a pris ses fonctions. Lorsqu’il a fait une pause en mars, c’était par nécessité plutôt que par magnanimité consensuelle, car son limogeage du ministre de la Défense Yoav Gallant, pour avoir osé s’opposer publiquement au blitz législatif, avait déclenché une nouvelle vague d’opposition publique et une brève manifestation de méfiance de la part d’une minorité de la coalition qui, depuis lors, est largement rentrée dans le rang.

Des manifestants défilant avec des drapeaux nationaux lors d’une « journée de résistance » pour protester contre les projets de réforme judiciaire du gouvernement, près de la Cour suprême, à Jérusalem, le 18 juillet 2023. (Crédit : Ronaldo Schmidt/AFP)

Son intérêt n’est pas seulement personnel, il est aussi à court-terme. Il y a quelques jours à peine, déjà oublié dans le cycle fou de l’actualité israélienne, Netanyahu a été hospitalisé pour une déshydratation – peut-être après un malaise chez lui, on ne nous l’a pas dit – et il est maintenant équipé d’un moniteur cardiaque. Il a 73 ans. En cas d’incapacité, qui prendrait le relais ? Le ministre de la Justice Yariv Levin, le vice-Premier ministre ? L’ancien vice-Premier ministre Aryeh Deri, évincé du cabinet par les juges en raison de son abus récidiviste des fonds publics ? Ou quelqu’un d’autre encore moins enclin à respecter les valeurs démocratiques et juives libérales fondamentales d’Israël ?

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