Projet Base Toliara : « Plusieurs atteintes aux principes universels des droits humains ont été constatées » selon l’ONDH
Le débat sur le projet Base Toliara continue de faire couler beaucoup d’encre. Hier, c’était au tour de l’Observatoire national des droits humains (ONDH) de monter au créneau. Selon son communiqué, plusieurs atteintes aux principes universels des droits humains ont été constatées, qui vont à l’encontre des engagements internationaux ratifiés par Madagascar, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
En tout cas, tout en exprimant son inquiétude, l’ONDH soutient que l’interdiction des manifestations citoyennes contre le projet Base Toliara constitue une violation flagrante du droit fondamental à la liberté d’expression et à la réunion pacifique, garantie par l’article 21 du PIDCP. « Ce droit permet aux citoyens d’exprimer leurs opinions et de revendiquer la protection de leurs droits, notamment en matière de préservation de l’environnement et de la qualité de vie », peut-on lire dans le communiqué.
L’ONDH demande plus de transparence sur les impacts environnementaux et sanitaires du projet, tout en dénonçant l’arrestation arbitraire des leaders des mouvements citoyens opposés à celui-ci. « Le projet Base Toliara affecte directement les communautés vulnérables vivant sur et autour du site d’exploitation, sans qu’un processus de consultation transparent et inclusif ait été respecté », soutient le communiqué.
L’ONDH appelle ainsi les autorités compétentes à garantir le droit des citoyens à manifester pacifiquement et à exprimer librement leurs opinions, sans crainte de répression ou de sanction injustifiées. Il est également essentiel, selon l’ONDH, d’assurer une transparence totale sur les études d’impact environnemental et sanitaire, en particulier celles concernant les risques liés à la radioactivité et à l’impact sur l’écosystème local, et de rendre publiques ces informations dans les meilleurs délais.
(Recueillis par Julien R.)
Diaspora malgache en France : Contre l’emprisonnement arbitraire

Depuis ces dernières semaines, des voix demandant la libération des « prisonniers politiques » commencent à se lever.
Des anciens ministres, de simples citoyens mais aussi des activistes qui constituent depuis plusieurs années l’aile dure de la diaspora anti-Rajoelina, rassemblée au sein de la Coalition pour la liberté de Madagascar (COLI), se sont donnés rendez-vous hier, au 4 avenue Raphaël, dans le XVIème arrondissement de Paris, afin de déposer une lettre ouverte aux dirigeants malgaches auprès de l’ambassadeur de Madagascar en France.
Dans cette missive, la Coalition dénonce la violation répétée des droit de l’homme et l’exploitation inéquitable des ressources naturelles à Madagascar. Contre l’emprisonnement arbitraire, ces représentants de la diaspora demandent également la libération de tous les prisonniers politiques. Bien qu’ils appartiennent à différentes obédiences politiques, ils sont, selon leurs explications, animés par le même sentiment, l’amour pour Madagascar, et le même objectif, mettre fin aux dérives dictatoriales du régime Rajoelina.
Joute verbale
« Rien ne va plus à Madagascar et la diaspora se mobilisera très bientôt », a tonné Marco Randrianisa, une des figures de proue de la diaspora anti-Rajoelina qui s’est fait surtout connaître par ses vives critiques contre l’actuelle classe dirigeante, à l’origine, selon ses antérieures explications, de tous les maux que le pays connaît depuis ces dernières années. Anthelme Ramparany, ancien ministre du régime Hery Rajaonarimampianina ou encore Julien Razafimanazato, ministre de l’Éducation nationale de 2009 à 2011, accompagné par Fanirisoa Erinaivo étaient également présents sur les lieux. Après des minutes de joute verbale un peu tendue, la lettre a bel et bien été déposée. Dans son communiqué publié en début de la soirée, l’Ambassade de Madagascar en France a confirmé avoir reçu une dizaine de personnes qui font partie de cette coalition et que la rencontre s’est déroulée dans le respect des protocoles diplomatiques. Le communiqué a démenti l’existence de quelconque dérapage précédant la rencontre. Quoi qu’il en soit, force est de constater que face à la situation compliquée qui prévaut dans le pays, les membres de la diaspora malgache en France ne veulent pas rester les bras ballants et spectateurs des « malheurs qui frappent le pays ».
Manifestations
A 8 759,74 km, les membres de la diaspora veulent faire bouger les choses. Loin des Forces de l’ordre et du Préfet d’Antananarivo, qui font – sous-entendent les représentants de la Coalition- la loi dans la capitale malgache, différentes actions seront menées dans les jours et les semaines qui viennent. En tout cas, hier, ils ont fait entendre qu’en France, il y a plus de liberté d’expression. C’est en effet pour dire que les Malgaches ne jouissent pas de ce même droit. Les différentes manifestations qui ont été fortement réprimées par les Forces de l’ordre depuis au moins le début du mois d’octobre 2023, avec le mouvement « Hetsika Fotsy » ne font que donner raison à ces membres de la diaspora. La dernière en date était d’ailleurs celle qui s’est déroulée, ce dimanche 23 mars à Andaboy, à Toliara, dans la région Atsimo-Andrefana, qui a fait au moins six blessés et conduisant dans la foulée à l’arrestation du Colonel Fanapera.
(source: Julien R. – Midi M/kara)