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Ramonjavelo : un limogeage tactique

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(©madagascar-tribune.com))

Comme il fallait s’y attendre, Valéry Ramonjavelo a été limogé du gouvernement après le tsunami lié à l’affaire des Boeing 777 , dans laquelle une société malgache a été utilisée comme prête-nom pour contourner l’embargo sur l’Iran. Rappelons les trois questions que nous posions déjà vendredi dernier :

« Reste à savoir qui se cache vraiment derrière ces trois prête-noms et a accepté de se faire le complice des Iraniens pour enfreindre l’embargo international. »
« On se demande également avec curiosité pourquoi et comment l’ACM a pu octroyer ces immatriculations temporaires à une compagnie inconnue dans le secteur et dont la principale activité est l’exportation d’épices et de graines. »
« On se demande avec curiosité comment les autorités américaines vont réagir à cette complicité malgache évidente dans la violation de l’embargo, à un moment où Madagascar fait de son mieux pour sauver l’AGOA. »

Dans ce contexte, il était donc impératif pour Madagascar de se débarrasser rapidement du présumé responsable et se dissocier de lui. Décision stratégique également à quelques semaines du Sommet durant lequel Rajoelina va prendre la tête de la SADC, d’autant plus que l’organisation sous-régionale peut potentiellement faire bloc pour tenter de peser dans les négociations pour le maintien de l’AGOA. En coupant le cordon ombilical sans délai avec Ramonjavelo, les autorités malgaches espèrent donc convaincre les Américains de leur bonne foi et de leur attachement aux principes de bonne gouvernance. Cela ne signifie pas nécessairement qu’elles admettent une quelconque responsabilité du désormais ancien ministre des Transports. C’est juste un mouvement tactique dans lequel Valéry Ramonjavelo a été à la fois le fusible et le bouc émissaire.

Toutefois, cela n’enlève pas que son mécanisme de défense en tant que ministre des Transports dans cette affaire autorisait la suspicion. À qui voulait-il faire admettre que le fait d’avoir octroyé ces immatriculations temporaires d’aéronefs, au bénéfice d’une société spécialisée dans l’exportation de produits locaux avec un capital social de deux millions d’ariary, était une décision professionnelle et intelligente ? À qui voulait-il faire croire qu’il était de bonne foi dans cette opération ? De plus, il a fait une erreur grossière en envoyant une demande d’explication auprès du Directeur général de l’Aviation civile de Madagascar (ACM). Mal lui en prit car le destinataire a refusé de « se coucher », et sa réponse sur la propre implication du ministre a mis la barre sur les t et les points sur les i. Izy monja ihany no tratra farany teo.

La capacité de nuisance de Rinah

Pour compliquer les choses du côté du pouvoir, Rinah Rakotomanga, ancienne directrice de la communication de la Présidence de la République et ancienne Présidente du Conseil d’Administration de Madagascar Airlines, s’est empressée de tirer à boulets rouges sur Valéry Ramonjavelo, afin de se venger de son propre limogeage il y a plusieurs mois. Lire la suite »