Antonio Guterress

Le Pape en Océanie, péril sur l’or bleu des îles du Pacifique

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Faiblement peuplées, les nations insulaires du Pacifique rejettent moins de 0,02% des émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre. Pourtant, cet ensemble d’îles volcaniques et d’atolls coralliens est victime en premier des effets du réchauffement planétaire. Une vulnérabilité que vient défendre le Pape dans la région lors de son 45e voyage apostolique, alors que la situation se fait de plus en pressante, alerte le Forum des îles du Pacifique qui vient de s’achever.

Jeunes militants pour le climat, en marge du 53e Forum des îles du Pacifique, à Nuku’alofa, capitale de l’archipel des Tonga, dans l’océan Pacifique sud, le 27 août 2024. (ANSA)

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Dans les îles Tonga pour le 53e sommet des dirigeants du Forum des îles du Pacifique (FIP) jusqu’au 29 août, le secrétaire général de l’ONU a de nouveau interpellé la communauté internationale sur la détresse des petits États insulaires, déjà vulnérables et pourtant menacés en premier par l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement de la température de l’eau. Précédant dans le Pacifique la venue du Pape François qui se rend dans un autre État océanien, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, voix de poids au sein du FIP (18 États), du 6 au 9 septembre, Antonio Guterres sera aussi reçu à Singapour le 1er septembre pour une visite officielle dont l’un des thèmes est la protection de l’environnement. Un sujet d’importance pour l’urbanisme et la durabilité de la cité-État du sud-est asiatique qui accueillera le Pape du 11 au 13 septembre prochain.

Des nations insulaires vulnérables

Outre cette convergence calendaire, le Saint-Siège et les Nations unies partagent de longue date une préoccupation climatique pour la vulnérabilité des îles du continent bleu. Les deux institutions plaident en effet au niveau multilatéral pour l’annulation de la dette de ces pays ainsi que pour une participation accrue des pays riches au financement de «fonds climatiques» pour dédommager les États du Pacifique et les aider dans leur adaptation. Dans certains cas, l’aide au développement a ainsi été substituée par une aide à l’adaptation au changement climatique. Des mesures saluées par l’observateur de la vie insulaire du Pacifique qu’est Tamatoa Bambridge, directeur de recherche au CNRS, rattaché au centre d’études insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe) à Moorea en Polynésie française: «Toutes ces solutions sont cumulatives. Il n’y en a pas une qui exclut les autres. Au contraire, il faudrait allier plusieurs types de financements». Ces investissements réalisés à moyen et long-terme ont le défaut de ne pas être perçus immédiatement par les populations locales. Or, l’avenir est inquiétant pour ces habitants dispersés sur 35 millions de km2 à travers l’océan. Les ressources naturelles des lagons turquoise du Pacifique sont mises en péril à cause du réchauffement de l’eau, «une tendance longue accrue par l’impact anthropique», et des houles submersives liées aux cyclones. Un phénomène climatique de plus en plus fréquent, conduisant certaines îles à perdre de l’espace, d’autres à en gagner, observe Tamatoa Bambridge. Les îles du Pacifique sont en effet particulièrement exposées: l’altitude moyenne est d’un à deux mètres au-dessus du niveau de la mer, environ 90% de la population vit à moins de cinq kilomètres de la côte et la moitié de toutes les infrastructures se trouvent à moins de 500 mètres de la mer.

Les différentes facettes de l’adaptation climatique

L’adaptation climatique est la pièce maîtresse d’un tel contexte. «Sans elle, les fortes précipitations ou les grandes sécheresses, tout événement extrême va amener l’augmentation des maladies transmissibles ou non transmissibles, la diminution des réserves alimentaires, pour le moins la capacité à les cultiver ou à les extraire de l’océan», prévoit le chercheur polynésien. Lire la suite »