armée birmane
Menace inédite pour la junte en Birmanie
Engagée sur de nombreux fronts, l’armée birmane perd du terrain au nord du pays, dans l’État Shan frontalier de la Chine. Dans cette zone stratégique, des groupes armés se sont unis pour lancer une offensive de grande ampleur contre la « Tatmadaw », qui se retrouve mise au défi comme jamais depuis son retour au pouvoir en 2021.
Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican
«L’ampleur de l’opération montre un grand niveau de coopération et de capacité militaire des forces révolutionnaires, qui étaient jusqu’à présent sous-estimées. Elles avancent aujourd’hui extrêmement vite», souligne la coordinatrice d’Informations Birmanie. Profitant de la fin de la période des moussons, plusieurs groupes armés unis au sein de la ‘Brotherhood alliance’ ont en effet lancé une offensive terrestre sur plusieurs fronts dans l’État Shan, au nord du pays, contre la junte qui a repris le pouvoir à la faveur d’un coup d’État en février 2021, après dix ans de démocratie.
L’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), l’Armée de libération nationale Ta’ang (TNLA) et l’Armée de l’Arakan (AA) revendiquaient dans un communiqué publié il y a une semaine la prise de contrôle de dizaines d’avant-postes et de quatre villes, mettant les militaires de la Tatmadaw (nom de l’armée birmane, ndlr) face à un défi inédit depuis le renversement du gouvernement élu, dont la Nobel de la paix Aung san Suu Kyi était l’égérie.
[Johanna, d’informations Birmanie]
La coordinatrice d’Informations Birmanie signale des attaques ouvertes sur le principal poste-frontière avec la Chine, à Muse, mais aussi sur la capitale de l’État Shan du nord, Lashio. Plus au sud dans les terres, toujours dans l’Etat Shan, les groupes armés tentent d’encercler la ville de Mogok, qui produit la majeure partie des rubis du monde, «une manne financière potentielle énorme, en perte pour la junte, en gain pour les forces révolutionnaires». Leurs troupes avanceraient également vers Pyin U Lwin, une localité qui domine Mandalay, la deuxième ville du pays, où se trouve non seulement l’institut de recherche en technologie militaire, mais aussi les résidences secondaires des militaires, précise la coordinatrice d’Informations Birmanie.
Appauvrir la junte
La ‘Brotherhood alliance’ souhaite reprendre le contrôle de ce qu’elle estime être son territoire mais, «cela s’inscrit dans l’aspiration du peuple birman d’en finir avec la dictature militaire. Ils l’affirment d’ailleurs dans leur communiqué annonçant l’opération», explique Johanna.